Ce castrat (né à Reggio ou Venise) est le frère de la très célèbre contralto Giovanna Albertini, particulièrement recherchée entre 1700 et 1730.
Enfant, il se montre très prometteur et bénéficie très jeune d'un engagement à Cassel en 1701, lorsque le landgrave Karl revenu d'un séjour italien décide de monter une troupe italienne à la cour du Hesse ; Momoletto y passe toute sa carrière. Son salaire s'élève à 1500 thalers et sa réputation flatteuse dépasse les frontières locales, se répandant en Allemagne et jusqu'en Italie. Le jeune Momoletto parfait son art auprès de la basse et maître de chapelle Fedeli, nommé à Cassel en même temps que lui. Fedeli est parfois invité à Berlin où il avait officié auparavant ; Momoletto y est aussi convié, notamment dans une lettre amusante de la reine Sophie Charlotte (en français dans le texte) :
Je vous prierais de prier monsieur le Landgrave de me prêter Momolin que pour quatre semaines, après quoi je le restituerais sain et sauf.
Le castrat est très apprécié à la cour de Cassel et joue un rôle de premier plan dans la vie musicale locale. À la mort du maestro Fedeli en 1722, Momoletto contribue à la gestion du chœur avant l'arrivée du remplaçant Fortunato Chelleri en 1724. Sa sœur Giovanna le rejoint en 1718, remplaçant la soprano Maddalena Salvai à la cour. Girolamo Albertini est primo uomo de L'Innocenza difesa de Chelleri en 1726, par exemple, mais on trouve d'autres noms parmi les chanteurs italiens de Cassel, comme Giovanni Pieri (autre castrat engagé en 1701 avec Momoletto), Lucia Gagi-Bovarini, Claudia de Oleati, Antonio Fedeli (fils de Ruggiero) et Maria Apolino. S'y ajoute des chanteurs allemands et une certaine Lemercier (Le Mercier), prima donna de 1719 à 1726 chérie du public local.
Girolamo se produit ponctuellement
en Italie : il chante au fameux théâtre S.G. Grisostomo de Venise en 1716, avec les castrats Pignattino et Pacini ainsi que la contralto Fabri. On y donne Foca superbo de Lotti et Il Germanico de Pollarolo, et les livrets le nomment primo virtuoso di S.A.S. il principe Carlo Langravio d'Hassia. En 1720-21, Girolamo retrouve la Sérénissime dans la troupe de Vivaldi au Sant'Angelo, dont il crée La Verità in cimento ainsi que Filippo, re di Macedonia de Boniventi, Antigona d'Orlandini et Il Pastor fido de Pietragrua avec la jeune soprano Strada, le ténor Barbieri et la fougueuse contralto Merighi.
Momoletto quitte Cassel en 1730 (ou possiblement un peu avant) à la mort du landgrave Karl, et certaines sources indiquent qu'il prend alors sa retraite dans son pays natal avec Giovanna. Un séjour en Italie n'est pas impossible, mais la présence du soprano est attestée en Suède, à Stockholm, pour une durée indéterminée. Il y retrouve peut-être le maestro Chelleri, également appelé sur place ; néanmoins, il semble que Momoletto ne demeure pas longtemps dans la capitale scandinave : possiblement une seule année. On peut supposer qu'il donne des concerts à la cour du roi Fredrik Ier, successeur à la cour de Hesse qu'il accompagne en voyage. Momoletto participe à la création du Te deum de Roman présenté à la chapelle royale de Drottningholm.
Sa mort est indiquée dans un registre à Cassel en janvier 1742 : c'est bien dans sa ville d'adoption qu'il termine ses jours.
Une certaine historiographie germanique n'hésite pas à en faire l'un des meilleurs castrats du moment, ce qui est peut-être exagéré ; mais après tout d'autres étoiles locales (dont Orsini à Vienne) pouvaient largement prétendre au premier rang de l'époque. Par exemple, le rôle de Selim est fort beau et témoigne du grand talent de Momoletto.
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