Le castrat Millico naît près de Bari, dans les Pouilles, et se forme à Naples.
Il est en Russie de 1758 à 1765, où il incarne les derniers ou seconds rôles derriere les castrats Luini et Puttini, notamment Semiramide riconosciuta de Manfredini ou Siroe de Raupach. Il doit évidemment son surnom à cet épisode russe.
Gluck l’emploie à Parme à l'occasion des Feste d'Apollo en 1769, et lui adapte le rôle titre d'Orfeo dans une version abrégée. À Vienne, il lui confie la création triomphale de Paride ed Elena, œuvre qu’il lui vaut d’être vaguement connu aujourd’hui pour les airs à succès du rôle titre. Millico reprend également Admeto dans Alceste. Le soprano reste assez proche du Chevalier dans la suite de sa carrière, et donne des cours de chant à sa nièce, avec un résultat impressionnant. Son passage à Vienne lui vaut également de créer l'Armida de Salieri, qui est alors l'élève de Gluck et suit le maître dans le style noble et épuré. Il est évident que Millico est en complète adéquation avec ce style pathétique « réformé », et son art est très profondément nourri par la musique de Gluck. À l'instar de Guadagni, le soprano possède les moyens et le tempérament adapté à ce genre sobre, loin de la démonstration vocale exhubérante encore en vogue. On apprécie sa simplicité de ton, la justesse de ses inflexions.
Amélie Suard assiste à une concert donné chez Gluck, où chantent sa nièce et le célèbre castrat :
C'est là que nous entendîmes Mélico [sic], adorateur passionné de Gluck, et presque son élève, dans le rôle d'Orphée, suppliant les furies [...] et qu'il nous fit verser des larmes.
Le Theatralkalender von Wien de 1772 évoque ainsi le castrat :
[Millico] est un excellent chanteur. Sa voix est assez forte et plaisante. Il sait si bien compenser ses quelques défauts par son art et son jeu qu'on peut le considérer comme le tout premier chanteur d'Italie. Ses plus grandes qualités s'épanouissent dans le chant expressif, dans lequel il sait mettre en valeur chaque émotion.
Le succès de Millico se poursuit lors de la saison 1772-74 à Londres, où il chante entre autres Perseo de Sacchini, Artaserse et Antigono de Giordani. Un chroniqueur commente :
the opera was Artaxerxes, the Musik by To Giordani a Neapolitan; the Actors are Savoi, Ristorini, Millico, Morigi, and Actrisses [sic] were Grassi, Giordani; I dont like the last; Millico and Savoi charming Voices especially the first
On rapporte cependant que le castrat, dans une œuvre anglaise, aurait chanté « I come, my queen, to chaste delights » [je viens, ma reine, jouir de chastes plaisirs] en le prononçant « I comb my queen to catch the lice » [je peigne ma reine pour attraper des poux].
De retour en Italie, il chante Megacle dans L'Olimpiade d'Anfossi à la fin de 1774, puis Demofoonte de Paisiello. Le personnage de Megacle étant emblématique de chaque primo uomo de la seconde moitié du XVIIIe, Millico interprète également la version de Cimarosa créée par Marchesi, faisant sans doute alors la démonstration d'une agilité plus affirmée que chez Gluck.
Il se fixe en 1779 comme maître de chapelle à Naples, où il compose plus qu’il ne chante. Le ténor et commentateur Kelly le juge néanmoins « enchanteur » dans le salon de Lady Hamilton, par ailleurs élève du castrat, et Burney l'évoque en termes élogieux. C’est dans cette ville qu’il termine ses jours.
Ses compositions, et notamment son opéra La Pietà d'amore, portent la trace de la réforme. Il écrit notamment :
les chanteurs doivent travailler leur voix naturelle... de manière à la rendre aussi docile et souple que de la pâte, afin qu'elle soit malléable et qu'on puisse la colorer à l'envi, parfois jusqu'à la rendre dure et stridente si la violence des passions l'exige.
Alors que certaines sources vantent sa modestie et la douceur de son caractère, d'autres commentateurs rapportent que le castrat était ambitieux et perfide envers ses collègues, notamment Marchesi. Millico n'était assurément pas une beauté, et son teint très foncé avait tendance à le desservir... Heureusement, son art suffit à assurer ses succès. |