Luigi MARCHESI |
1755 – 1829 |
dit Marchesini |
Aussi [Luigi Lodovico] |
Le castrat Marchesi est natif de Milan, et mérite un statut proche de celui de Farinelli dans l'histoire de l'opéra. Soprano à la voix supérieurement agile, capable d'un chant pathétique bouleversant, beau mais aussi capricieux et certain de sa valeur, il mène une carrière particulièrement longue jusqu'à l'extrême fin du bel canto.
Curieusement, l'histoire veut que ce soit de son propre chef qu'il ait été castré, contre l'avis de sa famille.
Il
débute dans sa ville natale, puis à Rome comme amorosa dans La Finta Giardiniera d'Anfossi pendant la saison 1773-74. Il aborde l'opéra sérieux dès 1775 à Venise, avec Adamberger, la Maccherini et Antonio Goti dans les premiers rôles : Marchesi n'est encore qu'Olinto dans Demetrio de Guglielmi, notamment. Mais deux ans plus tard, il incarne Farnaspe dans Adriano in Siria d'Anfossi.
Chanteur à la cour de Munich, il y reprend notamment une nouvelle version d'Isacco, figura del redentore de Mysliveček en 1777. Mais il abandonne le poste l'année suivante et commence à parcourir l'Italie, cette fois-ci dans les premiers rôles séria.
Le castrat paraît surtout longuement à Naples jusqu'en 1782, avec quelques incursions à Florence, Venise et Milan ; il partage l'affiche avec des étoiles comme la Maccherini, Ansani ou la Balducci. Marchesi y chante aussi Megacle de L'Olimpiade de Mysliveček, personnage fétiche qu'il interpréte ensuite dans maintes versions.
On l'entend ensuite notamment à Turin et Rome, puis en 1785 le voici en visite à Vienne, où l'on présente peu le répertoire serio et où les castrats sont alors rares. Mais on monte tout de même l'un de ses chevaux de bataille, le Giulio Sabino de Sarti (écrit pour Pacchierotti) avec la Cavalieri – dont le chant criard pâlit face à la finesse du soprano, selon Zinzendorf. Le castrat chante la même œuvre à Varsovie peu après puis St-Pétersbourg. Il enchante la cour dans Armida e Rinaldo de Sarti, avec la tragédienne Todi.
On entend encore Marchesi à Naples à la même époque, ainsi que Berlin et Turin en 1787-88.
Le soprano est convié à Londres en 1788 : il y reprend son rôle fétiche de Sabino.
Il reparaît à Turin à l'hiver 1789-90 et chante son dernier concert à Londres. The Gazetteer commente ainsi :
Sa voix est absolument splendide, surtout les notes graves, desquelles il s'envole avec des transitions superbes vers les tons aigus. Les sonorités nasales si fréquentes chez les chanteurs italiens [...] sont totalement absentes chez lui. Si l'on doit lui reconnaître un défaut, c'est d'embellir son chant de trop d'ornements [...]. Son point fort semble être le pathétique.
Lord Edgcumbe regrette aussi la simplicité bouleversante d'un Pacchierotti face aux fioritures de Marchesi. On lui reconnaît néanmoins un talent d'acteur supérieur. Toutes les réserves sont d'ailleurs effacées dans les journaux au fur et à mesure qu'il chante, jusqu'à Andromaca de Nasolini dans lequel il semble ajouter trois airs de sa composition.
Jusqu'en 1798, c'est essentiellement à Venise qu'on retrouve Marchesi, au San Benedetto puis au nouveau théâtre de la Fenice : infatigable, il prête son talent à toute une nouvelle génération de compositeurs, dont Andreozzi, Zingarelli (Pirro, Carolina e Mexicow), Mayr (Lodoïska, Lauso e Lidia), Nicolini etc. Il partage la scène avec Mlles Macciorletti et Catalani, entre autres. Il passe aussi à Vicence (1792) et Milan, notamment avec la contralto Grassini en 1794.
Après un passage à Milan, Marchesi est appelé pour l'inauguration d'un nouveau théâtre à Trieste en 1801, avec un autre vétéran légendaire : le ténor Giacomo David. Ensemble, ils donnent Annibale in Capua de Salieri et Ginevra di Scozia de Mayr, avec la jeune Bertinotti. On l'entend de nouveau à Vienne, où il est très apprécié et reprend ses succès avec le ténor Simoni.
Le castrat paraît ensuite à la Scala, dans Castore e Polluce de Federici en 1803, et de nouveau Vienne dans une œuvre de Paër donnée à la Tonkünstler-Sozietät. En 1805, Marchesi retrouve une Banti en fin de carrière pour chanter devant Napoléon.
Dans chacune de ses apparitions, Marchesi exigeait un prologue avec une arrivée pompeuse, à cheval, ou sur une colline, et chantait invariablement Mia speranza io pur vorrei tiré d'Achille in Sciro de son cher Sarti ; d'après Stendhal « le bouquet de plumes blanches qui se balançait sur son casque n’avait pas moins de six pieds de haut. » Lorsque Marchesi se retire de la scène, il ne reste plus qu'un grand castrat en activité : Vellutti. |
La Finta Giardiniera |
Violante |
P. Anfossi |
1773 |
Rome |
|
N. Rial, L'Arte del mondo dir. W. Ehrhardt – CD DHM 2013 |
Isacco, figura del redentore [2] |
Isacco |
J. Mysliveček |
1777 |
Munich |
|
T. Korovina, Sinfonietta Praha dir. I. Parik – CD Supraphon |
L'Olimpiade |
Megacle |
J. Mysliveček |
1778 |
Naples |
> air Se cerca, se dice |
R. Milanesi, Collegium 1704 dir. Luks – Retransmission de représentations, Prague 2013
A. Hallenberg, Stile galante dir. S. Aresi – Arias for Luigi Marchesi, CD Glossa 2015 |
Ifigenia in Aulide |
Achille |
V. Martín y Soler |
1779 |
Naples |
|
B. Haas, Real compañía ópera de cámara dir. J. Otero – CD K617 |
Castore e Polluce |
Castore |
F. Bianchi |
1779 |
Florence |
> air Sembianze amabili
|
A. Hallenberg, Stile galante dir. S. Aresi – Arias for Luigi Marchesi, CD Glossa 2015 |
Armida |
Rinaldo |
J. Mysliveček |
1779 |
Milan |
> air Il caro mio bene |
S. Šaturová, Collegium 1704 dir. V. Luks – Il Boemo, CD Warner 2023 |
Amore e Psiche |
Amore |
J. Schuster |
1780 |
Naples |
|
La ciaccona dir. W. Grauer – retransmission de représentations, Dresde, 2004 |
Ipermestra |
Linceo |
V. Martín y Soler |
1780 |
Naples |
> réc. et air Ah perche gli affetti |
R. Milanesi, Les Talens lyriques dir. C. Rousset – captation de concert, Paris 2003 |
Rendi, o cara il prence amato |
Megacle |
G. Sarti |
1784 |
Rome |
[rondo d'insertion] |
In L'Olimpiade. A. Hallenberg, Stile galante dir. S. Aresi – Arias for Luigi Marchesi, CD Glossa 2015 |
L'Olimpiade |
Megacle |
D. Cimarosa |
1784 |
Vicence |
> air Superbo di me stesso |
M. Beaumont, Les Talens lyriques dir. C. Rousset – CD Château de Versailles spectacles 2024
A. Bonitatibus, orchestra barocca di Venezia dir. A. Marcon – retransmission de représentations à Venise, 2001
A. Hallenberg, Stile galante dir. S. Aresi – Arias for Luigi Marchesi, CD Glossa 2015 |
Alessandro nell'Indie |
Poro |
L. Cherubini |
1784 |
Mantoue |
> air Quanto è fiero il mio tormento (dont version avec ornements originaux)
|
A. Hallenberg, Stile galante dir. S. Aresi – Arias for Luigi Marchesi, CD Glossa 2015 |
Armida e Rinaldo |
Rinaldo |
G. Sarti |
1786 |
St-Petersbourg |
> airs Vedo l'orrendo abisso * Lungi da te mio bene |
G. Banditelli, orchestra pro arte Marche, dir. M. Berdondini – CD Bongiovanni, 2007
A. Hallenberg, Stile galante dir. S. Aresi – Arias for Luigi Marchesi, CD Glossa 2015 |
L'Olimpiade |
Megacle |
G. Paisiello |
1786 |
Naples |
> air Se cerca, se dice |
M. González, Savaria Baroque Orchestra dir. Fabio Pirona – Arie del '700 italiano, CD Hungaroton |
Demofoonte |
Timante |
G. Pugnani |
1788 |
Turin |
> air Misero pargoletto
|
A. Hallenberg, Stile galante dir. S. Aresi – Arias for Luigi Marchesi, CD Glossa 2015 |
Ifigenia in Aulide |
Achille |
L. Cherubini |
1788 |
Milan |
> air Quando mi chiama in campo |
C. Melis, Orchestra della Fondazione A. Toscanini di Parma dir. T. Severini – captation de représentations, Sassuolo 2005
A. Christofellis, Ensemble Seicentonovecento dir. F. Colusso – Les Castrats au temps de Mozart, CD EMI, 1996 |
Pirro, re d'Epiro |
Pirro |
N. Zingarelli |
1791 |
Milan |
> airs Chi mi da consiglio * Qual mi sorprende... Cara negl'occhi tuoi
|
A. Hallenberg, Stile galante dir. S. Aresi – Arias for Luigi Marchesi, CD Glossa 2015 |
Demofoonte |
Timante |
M. Portogallo |
1794 |
Milan |
>duetto Or che sono a te vicino |
Réduction pour clavecin : A. P. Russo, P. Veira de Almeida – captation de concert, Lisbonne 2012 |
Lauso e Lidia |
Lauso |
N. Zingarelli |
1798 |
Venise |
> air Oh qual contento
|
A. Hallenberg, Stile galante dir. S. Aresi – Arias for Luigi Marchesi, CD Glossa 2015 |
Lodoiska [2] |
Lovinski |
G.S. Mayr |
1799 |
Milan |
|
E. Belfiore, Münchner Rundfunkorchester dir. G. Petrou – CD Oehms classics |
Ginevra di Scozia |
Ariodante |
G.S. Mayr |
1801 |
Trieste |
|
D. Barcellona, orchestre du Teatro Lirico G. Verdi dir. T. Severini – CD Opera Rara 2003 |
Annibale in Capua |
Annibale |
A. Salieri |
1801 |
Trieste |
> air A fulminar m'invita |
A. Raunig, Amadeus Ensemble dir. W. Kobera – CD Cameo classics, 2003 |
Dopo il fremente nembo |
Ariodante |
J. Weigl |
1801 |
Vienne |
[trio d'insertion] |
In Ginevra di Scozia, Mayr. D. Jones, Philarmonia Orchestra dir. D. Parry – One Hundred Years of Italian Opera, 1800 – 1810, CD Opera Rara |
Il Santo Sepolcro |
Giovanni |
F. Paër |
1803 |
Vienne |
|
V. Barkowski, Simon Mayr Chorus and Ensemble dir. F. Hauk – CD Naxos 2013 |
Récital hommage |
– |
divers |
|
|
|
A. Hallenberg, Stile galante dir. S. Aresi – Arias for Luigi Marchesi, CD Glossa 2015 |
|