Ce soprano débute apparemment vers 1748 : à Rome, il participe à Arianna e Teseo d'Abos, et Medo du même. Luini est primo uomo à Turin en 1753 avec Prudenza Sani. On l'entend aussi en alternance avec Mariano Nicolini à Naples pour la saison 1754-55. Il arrive à Berlin en 1755. Il crée notamment Erox dans la Merope de Graun en 1756. Pour une fois, le roi de Prusse semble satisfait du nouveau chanteur, et notifie à sa sœur en 1755 (en français dans le texte) :
J'ai ici un nouveau chanteur, qui m'est venu de Naples ; il s'appelle Luini; c'est une voix très-acouti [sic, pour aiguë] et dans le goût de la Gasperini, beaucoup de légèreté de trilles, et qui, s'il suit les avis qu'on lui donne, pourra devenir un très-bon chanteur
Luini est définitivement engagé en 1757 mais quitte Berlin en juillet pour retourner en Italie.
En 1759 le castrat part pour la cour de Russie, où il chante jusqu'en 1770. Là bas, il est prend part aux reprises et créations de Manfredini puis Baldassare Galuppi, comme Il Re pastore (Aminta) et avec Antonio Prati en 1768. Il participe aussi à une production de L'Olimpiade de Traetta. À la cour de Russie, Casanova le fréquente et écrit dans ses mémoires :
Une lettre de Dall'Oglio, portée par moi à Domenico Luini, castrat passé maître dans son art, beau et fort plaisant, me valut le meilleur accueil dans sa maison, où la table était exquise. La Colonna [Teresa Colonna], première chanteuse, était sa maîtresse. Ils habitaient ensemble, pour mieux se tourmenter. Pas une seule fois je ne les vis s'entendre.
D'après le célèbre séducteur, Luini jouit du titre de lieutenant-colonnel. Casanova rencontre également le castrat Millico, qui fréquente Luini. Millico débute sa carrière et se contente de petits rôles bien en retrait de Luini, par exemple dans Siroe de Raupach : Luini chante le rôle titre et Millico le dernier rôle d'Arasse.
Sur le chemin du retour en 1770, à Brescia, les Italiens revenus de Russie rencontrent Burney dans une auberge. Le musicographe témoigne de la joie des chanteurs revenant au pays, et de la fortune amassée à St-Pétersbourg : voici indéniablement comment les musiciens étaient attirés jusque là-bas.
En Italie, Luini poursuit sa carrière, notamment à Turin en 1773 dans Didone abbandonata de Colla et une Argea d'Alessandri où il retrouve la Bastardella, Ciprandi et Pietro Santi. Sa carrière prend sans doute fin peu de temps après. |