Ce castrat soprano est d'origine autrichienne (anglaise d'après E. Selfridge-Field), chose plutôt rare dans cet univers très italien.
On l'entend à Venise au cours des années 1670, alors qu'il semble faire partie de la chapelle de San Marco. En 1683, le castrat paraît encore sur la lagune dans I Due Cesari de Legrenzi, face à Chiaravalle et Francesco De Castris. Dans ce dernier opéra, Hader arbore le titre de « musico dell'imperatore. », cohérent avec la mention « musico di S.M.C. » indiquée dans le livret d'Ottaviano Cesare Augusto de Legrenzi, donné à Mantoue en 1682 avec les meilleurs chanteurs du moment : le ténor Buzzoleni, la Salicola, la basse Scandalibene, les castrats Rivani, Ballarini, De Castris...
En effet, Clement Hader est membre de la chapelle viennoise entre 1680 (1672 selon les sources) et 1687, et paraît aussi à la chapelle impériale munichoise en 1682 et 1686. À Vienne, il chante notamment I Varii Effetti d'amore du maestro Draghi, avec le ténor Pietro Santi Garghetti et la basse Donati ; il y incarne un rôle féminin. Nul doute que Clementino participe à d'autres productions locales, dont le détail ne nous est que rarement parvenu, si ce n'est probablement un ample opéra intitulé Il Fuoco eterno custodito delle vestalli, riche de musique de Draghi, Schmelzer et l'empereur en personne et présenté avec la diva Masotti en 1674. On sait qu'il participe à une reprise du sepolcro Il Lutto dell'universo. À Prague, il aurait interprété l'Oratorio di Santa Cecilia de Draghi en 1680.
Il est engagé en Bavière dès la fin de son séjour à Vienne et chante très certainement Alarico et Amphion dans Niobe, regina di Tebe de Steffani. Après un séjour en Italie où il côtoie la basse Cottini (en 1689), le soprano retrouve Steffani à Hanovre en 1692, amené par Maximilien-Emmanuel avec les meilleurs musiciens de la cour de Bavière.
Dans cette brillante cour sont conviés les meilleurs vocalistes du moment, comme Maria Landini, Vittoria Tarquini (incertain), le ténor Antonio Borosini ou encore le contralto Chiaravalle. En effet, le duc aspire à devenir prince-électeur : la magnificence de son théâtre et le rayonnement culturel qui en découle jouent assurément en sa faveur. Hader prend ainsi part à la création de plusieurs nouveaux opéras d'Agostino Steffani, comme La Libertà contenta en 1693 puis I Baccanali et Briseide (de Torri ?) les deux carnavals suivants.
Toujours lié à Maximilien-Emmanuel de Bavière et son musicien attitré Torri, Hader suit le souverain à Bruxelles (1698-1701), puis à nouveau Munich avant de retourner à Bruxelles en 1704. De Torri, il crée alors San Gaetano (1705) et certainement aussi La Vanità del mondo (1706) avec les excellents castrats Frilli et Pellegrini, également membre de l'effectif.
Le castrat est annobli du titre von Hadersberg, honneur réservé aux interprètes d'exception, comme Nicolino à Naples ou Farinelli à Madrid. Les rôles composés par Steffani exigent des coloratures tortueuses et très longues ainsi qu'un soprano sollicitant souvent le la4. Hader est l'un des principaux interprètes de ce brillant compositeur et ajoute au prestige des cours allemandes. S'il n'est pas aussi renommé que les Cortona, Grossi et Matteuccio contemporains, c'est sans doute du fait de sa relative absence des scènes italiennes. Il faut dire que l'empereur d'Autriche n'apprécie guère que ses chanteurs paraissent dans les théâtres publics – à but lucratif. |