Soprano né à Ravenne.
Sa trace apparaît à Bologne dans Gli Amici de Buini en 1734. Mais Lorenzo est révélé en 1737 à Venise (Artaserse Longimano de Pampani et Ciro riconosciuto de Galuppi) et Vérone, notamment par un Vivaldi toujours fin limier de talents. Dans les deux villes, il chante avec le ténor Grandi. Le castrat est apparemment très populaire à ses débuts, grâce à sa jeunesse et sa beauté – peut-être plus que pour ses qualités vocales. Il giovane fenomeno, soprano, devient donc la coqueluche du Venise de 1737. L'électeur de Bavière Charles-Albert, en voyage en Italie, juge médiocre la distribution véronaise du Catone in Utica de Vivaldi (menée par la Girò), à l'exception du jeune castrat, dont le Se mai senti devait chavirer les cœurs. Le revoyant plus tard à Padoue, il écrit à son père :
La Ciroë fut assez bien représentée [...] ; le même jeune garçon, Lorenzo Girrardi, qui brillait à Vérone et que j'ai arrêté pour notre Opéra de Munich, y chanta le premier rôle
En effet, on retrouve Ghirardi en primo uomo à Munich en 1737-38, par exemple dans Demofoonte de Ferrandini donné avec la diva locale Rosa Pasquali, en encore Ifigenia in Aulide de Porta.
Entre 1738 et 1741, on entend surtout Lorenzo à Rome comme primo uomo voire prima donna, dans des œuvres de Porpora, Terradellas (Astarto, page du livret ci-contre), Lampugnani, Bernasconi ou Latilla (Siroe). Lorenzo retrouve ensuite Venise et Bologne avant de gagner Naples où il s'illustre de 1742 à 1744 ; mais il y cède les premiers rôles au grand Caffarelli. Dans les distributions figurent aussi la soprano Astrua et le ténor Albuzzi, par exemple dans Andromaca de Leo. Lorenzo interprète aussi la musique sacré dans sa ville natale : en 1744, il y chante dans une messe de Feo avec le ténor Babbi et le contralto Santarelli ; mais en réalité sa présence y est régulière. Il alterne premiers et seconds rôles à Venise, côtoyant la Tesi dans Ipermestra de Gluck au San Giovanni Grisostomo lors de la saison 1744-45. Ghirardi poursuit sa carrière, généralement comme primo uomo, entre Fano, Florence, Gênes, Parme (Demetrio de Jommelli en 1749) et Rome jusqu'à la fin de la décennie.
À Rome justement, il continue d'incarner principalement les premiers rôles féminins ; c'est encore le cas entre 1751 et 1753, où il interprète Galuppi, Terradellas, Abos (Erifile) et Jommelli. Sa dernière prestation documentée dans un livret date de 1756, toujours à Rome, en Alessandro dans Antigono de Gluck, où Belardi joue la prima donna et Mazzanti le primo uomo.
Il achève sa carrière à la chapelle de Ravenne, où il retrouve l'alto Sebastiano Emiliani, lui aussi vétéran de la cour de Munich. En 1760, il se joint aux chanteurs Babbi (ténor) et Cicognani pour un oratorio à Cesena, fêtant le retour de l'évêque local.
Les rôles destinés à ce castrat nous laissent imaginer une voix fort longue, agile et parfaitement maîtrisée, dans l'élégie comme dans les éclats les plus furieux. Sans accéder à un statut légendaire, Ghirardi était sans aucun doute un solide chanteur de son temps, et les traces qui restent de son répertoire sont très séduisantes. |