Natif de Pistoia, Giuseppe Fede est l'un des meilleurs sopranos de Rome. À ce titre, il est bien sûr employé à la chapelle pontificale de 1662 – sans passer de concours – à sa mort. Son frère Francesco Maria Fede (dit Fedino) fait également de l'élite des chanteurs du pape (à compter de 1667, lui aussi exempté de concours), et crée par exemple Caino e Abele de Pasquini pour le prince Borghese au service duquel il se trouve en 1671 avec le célèbre Siface. Leur neveu Innocenzo Fede (ténor ?) devint le maître de musique du roi d'Angleterre et occupe diverses fonctions musicales à Rome, notamment pour Christine de Suède.
Giuseppe et Francesco sont également appréciés et se produisent très régulièrement à la basilique Sainte-Marie-Majeure : c'est là qu'on y repère le jeune Giuseppe pour la première fois entre 1653 et 1656, et Francesco en 1655-56. Cette même année, les frères chantent dans Dal male il bene d'Abbatini et Mazzaroli pour les noces de Maffeo Barberini dans le théâtre familial. Plus tard, Giuseppe se rend presque indispensable à la Basilique Saint-Pierre (1655-1662), à Saint-Louis-des-Français et au collège pontifical, sans compte toutes ses prestations lors d'événements divers dans d'autres édifices religieux de la ville pour Pâques, Noël, célébrer la Madonne ou la naissance d'un dauphin royal. Francesco Maria passe d'abord par la Cappella Giulia, puis au Collège Germano-Hongrois, et reste lui aussi très demandé dans les différentes églises de la ville.
Giuseppe et Francesco participent aussi à des représentations d'oratorios (ils sont piliers de l'Oratorio del Crocefisso dans les années 1660 et 1670), et même d'opéras, comme L'Empio punito d'Alessandro Melani. On entend Giuseppe dans le rôle titre de la Santa Cecilia de Carpani en 1660. En 1667, il joue dans La comica del cielo, livret de la main du pape Clément IX et musique d'Abbatini. Giuseppe y campe Baltasara, la prima comica, flanqué de la seconda comica d'un autre grand soprano romain, Domenico Del Pane, et de Francesco Maria en Talia. Francesco Maria prend part à L'Adalinda d'Agostini en 1673 avec Verdone et le castrat Giuseppe Vecchi. En 1688, au sein de l'ensemble de Christine de Suède et sous la direction de Corelli, Giuseppe incarne Londres dans un oratorio allégorique de Pasquini où la capitale anglaise débat avec la Tamise, la Renommée, le Génie dominant et le Génie de la rebellion. Ce fastueux spectacle, pour lequel on a engagé un très large chœur et élargi le grand orchestre de Corelli, est donné pour l'ambassadeur de la couronne anglaise à l'occasion de l'accession au trône du roi James. Giuseppe Fede a mis sa voix au service des familles Barberini, Sforza, Colonna (assez largement en 1659-1663 et 1669-1674 au moins), Ludovisi, Pamphili, Rospigliosi, Borghese... Chez les Colonna, il chante probablement des cantates mais aussi des opéras (de Cesti), avec la soprano Coresi. En 1679, les frères Fede chantent le premier opéra d'un Scarlatti de 18 ans, Gl'Equivoci nel sembiante. Ils doivent pour cela affronter la colère du pape !
Pilier de la musique à Rome, Giuseppe s'aventure assez peu hors de la ville, mais il brille toutefois dans les théâtres vénitiens en 1664-1665, et et en 1666-1667 au service de l'électeur de Bavière. Francesco Maria se rend auprès de la cour bavaroise plus longuement, de 1663 à 1666 ou 1667.
Giuseppe Fede semble conserver très tard la fraîcheur de sa voix ; il laisse des compositions, ayant occupé des fonctions de maître de chapelle surtout à partir des années 1680 (à Santa Maria della Consolazione). Il enseigne également au ténor Pietro Santi Garghetti.
Francesco Maria devient également maître de chapelle de Santa Margarita à Trastevere. Apparemment, un certain Bovi lui aurait fourni des médicaments qui l'ont emporté en trois jours... |