Le castrat Giuseppe Maria Donati fait partie des meilleurs chanteurs de son temps, alors que l'opéra s'impose de plus en plus comme une industrie à la recherche de vedettes.
Frère de la basse Giulio Cesare Donati, Giuseppe naît à Bologne où il reçoit la formation de Bartolomeo Guerra. Le compositeur Cazzati le repère et l'engage à San Petronio.
Une des premières traces du castrat date de 1652 : il fait partie d'un aréopage de chanteurs conviés à la cour de Dresde. Le soprano reçoit le meilleur traitement, mais quitte la ville deux ans plus tard.
Sa carrière étrangère le mène également à Innsbruck, où chante son frère, pour se produire dans les opéras de Cesti. Donati incarne l'Amour du prologue ainsi que Filaura dans L'Argia, en 1655, avec Anna Renzi, Cesti lui-même et le castrat Pancotti. Il chante à Munich quelques années au début des années 1660, puisqu'il est régulièrement surnommé Giuseppe di Baviera : on l'y repère en 1661 dans L'Erinto de Kerl, dans un rôle féminin. En 1666, la troupe d'Innsbruck est courtisée par l'impresario Faustini à Venise et par l'empereur à Vienne : après maintes hésitations la majorité des musiciens gagnent la cour impériale, mais Donati obtient de retrouver enfin l'Italie.
Il réapparaît donc à Venise, dans Il Tito de Cesti avec Antonio Cavagna et la Coresi en 1666. La saison suivante, les mêmes castrats doivent probablement créer l'opéra Eliogabalo de Cavalli (rôle titre ou Alessandro), mais la representation est annulée et remplacée par un opéra sur le même thème par G.A. Boretti. En 1680, Donati joue Romolo dans Il Ratto delle Sabine au San Giovanni Grisostomo, sur une musique d'Agostini, avec le très fameux Siface (ci-contre).
À Bologne, sa ville natale, Donati chante le rôle titre de La Psiche deificata de Cazzati, en 1668.
À partir de 1673, Giuseppe est au service de Christine de Suède, exilée à Rome. En tant que musico primario della regina, on l'appelle parfois Giuseppe della Regina ; il est alors qualifié de meilleur chanteur de la ville, et chante au théâtre Tordinona fondée par la souveraine. À Rome, Donati chante Scipione de Cavalli en 1671, puis Eliogabalo de Boretti et Alcasta de Pasquini en 1673, puis Massenzio de Sartorio l'année suivante – et sans doute dans d'autres opéras de l'époque. L'influence de Christine lui permet d'intégrer le collège pontifical l'année suivante en qualité de soprano, et Giuseppe se produit aussi à Saint-Louis-des-Français. En 1675, le castrat crée l'oratorio San Giovanni Battista de Stradella, avec les castrats Siface et Ceccarelli, probablement comme Salomé. Deux ans plus tard, il quitte le service de la chapelle Sixtine.
Il est encore pressenti pour la Doriclea de Stradella à Gênes en 1681, mais on ne sait pas si c'est lui ou le castrat Cortona qui a finalement créé l'opéra.
Le caractère du castrat est bien trempé : il refuse de changer avec certains musiciens, pour incompatibilité d'humeur (lettre de 1667 à Faustini, contre Gabrieli) ou parce qu'il juge leur niveau indigne du sien. Il n'hésite pas à modifier sa partie, qu'il juge trop aiguë (le rôle titre de Meraspe de Pallavicino à Venise).
Donati est généralement qualifié de soprano, mais on le jugerait sans doute mezzo aujourd'hui.
En 1684, le castrat meurt d'apoplexie, alors qu'il avait déjà connu une attaque à Venise, en 1681, qui avait perturbé les représentations de Bassiano de Pallavicino. |