Ce chanteur natif de Sienne a dix-neuf ans quand on le trouve en tête de distribution à Venise, dans l'Alessandro nell'Indie de Sacchini. Entre 1762 et 1765, il est à Munich où il alterne avantageusement premiers et seconds rôles, notamment dans la Semiramide de Bernasconi avec la Mingotti et Panzacchi. C'est là qu'il est repéré et invité à Berlin.
L'opéra est alors loin de briller du feu qui l'animait à l'époque de Graun, et le jeune castrat va apporter un nouveau souffle à la scène berlinoise, surtout lorsqu'on lui adjoint la grande virtuose Gertrude Mara. Ces deux premiers chanteurs sont en charge de faire revivre les chefs-d'œuvre de Graun et Hasse pour un roi au goût conservateur, tout en créant les musiques d'Agricola puis Reichardt. À l'arrivée du chanteur, le monarque écrit à l'électrice de Saxe (en français dans le texte) :
Le public a surtout paru très-content d'un nouvel acteur qui nous est venu de Munich ; il se nomme Concialini, et je crois que V. A. R. l'aura peut-être entendu ; il a une très-belle voix de soprano et une très-grande étendue, et il joint à une figure avantageuse beaucoup plus d'action que les Italiens n'ont coutume d'en avoir.
Lorsque Burney se rend à Berlin, il ne tarit pas d'éloges sur les vieux Porporino et Molteni, et s'enthousiasme sur le chant de Mara. De Concialini, il rapporte « sa voix est faible, mais extrêmement douce, et sa manière de chanter les mouvements lents est délicate et touchante. » Les Berlinois l'apprécient beaucoup, vantant ses graves rappelant le son du violon et un aigu s'élevant au mi5.
Quand le chanteur fait un passage en Italie, il est peu prisé : sans doute a-t-il trop adapté sa voix au style galant prisé par Frédéric le Grand, passé de mode.
À mesure que le temps passe et que les chanteurs historiques de la cour se retirent, Concialini reste à son poste, chantant notamment Brenno de Reichardt avec la Todi et le phénoménal Ludwig Fischer en 1789, ainsi qu'un opéra d'Alessandri en 1790. Il a une permission exceptionnelle et se produit à Padoue en 1787, avec le ténor Babbini, dans Artaserse de Bianchi, alors qu'il avait débuté dans la ville comme secondo uomo en 1763 ! Son chant est admiré et comparé à celui de Guadagni, étoile locale, à défaut de dépasser le grand Pacchierotti.
Sa dernière prestation berlinoise date de 1794, avant qu'il ne mette fin à sa carrière deux ans plus tard, avec une pension. Il termine sa vie dans la pauvreté due à sa liberalité et son goût pour les choses belles et coûteuses. Hébergé à Charlottenburg, il devient très obèse. C'est à Moscou qu'il meurt, en voyage.
Georges Sand l'évoque dans son roman Consuelo, mais l'orthographie Conciolini et en fait un ténor, pour laisser la première place à Porporino.
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