Ce chanteur paraît d'abord à Rome, sa ville natale, après s'être formé auprès de Colonna voire de Pistocchi. Actif dans les grandes chapelles romaines, il se frotte rapidement aux planches et participe dès 1681 à Lisimaco de Pasquini, puis (probablement) deux ans plus tard au Pompeo de Scarlatti et un autre opéra de Pasquini. La particularité est qu'il endosse généralement – mais pas systématiquement – des rôles légers dans ces opéras sérieux, masculins mais aussi féminins.
La tendance se confirme à Naples, où il se produit également très souvent. De fait, sa carrière se déroule essentiellement entre les deux villes pendant près de vingt ans. Pas moins de huit productions au moins sont répertoriées pour Naples dans les années 1680 (opéras de Scarlatti dont Fetonte, mais aussi Legrenzi, Pallavicino ou De Luca). Il y chante avec la diva Zuffi, ou les castrats Siface et Besci. À Rome, c'est au palazzo Colonna qu'il paraît généralement : œuvres d'Orgiani, Pasquini, Melani... En 1686, Cavalletti se produit également à Viterbe dans La santa Eugenia de ce dernier compositeur, et Bologne l'accueille pour deux opéras en 1688, dont une reprise de L'amazone corsara de Pallavicino (?).
Ses rôles sont plus sérieux, et il crée le rôle-titre d'Ottone (C.F. Pollarolo ?) à Venise en 1694 avec le contralto Ballarini et la Ghering. Après trois productions romaines, de Perti en particulier, Giulio retrouve Naples entre 1697 et 1702 avec des étoiles du rang de Matteuccio, la Tarquini, Nicolino, Maddalena Musi... Il crée trois pages de Scarlatti, ou encore La Semiramide d'Aldrovandini. Dans la cité parthénopéenne, Cavalletti fait partie des artistes liés à la princesse Aurora Sanseverino.
Cavalletti est néanmoins au service des Médicis à Florence depuis 1686, très prisé du duc, et il arbore ce titre sur les livrets napolitains. Un tableau le représente avec Rivani et Olivicciani, autres castrats. Entre 1705 et 1707, le voici à l'affiche d'un Stratonica anonyme, par exemple. Étrangement, le castrat continue d'alterner rôles masculins et féminins, là où l'usage local ne l'impose absolument pas. Il semble aussi occuper des fonctions de compositeur. De fait, en 1708, c'est l'empereur d'Autriche qui l'engage : on le place comme vice-maître de chapelle (Giuseppe Porsile occupe la première fonction) pour Barcelone. Cavalletti a toutefois l'occasion de chanter à Vienne : de Francesco Conti, il crée Alba Cornelia et l'intermezzo Bagatella, Mamalucca, Pattatocco en 1714, renouant avec son talent comique et les incarnations féminines (il ne doit pourtant plus être si jeune). C'est la dernière trace que l'on garde d'une prestation scénique. Il bénéficie d'une pension en 1723.
En 1689, Cavalletti fait don de tableaux à la Santa casa di Loreto. |