Le premier livret faisant référence à ce castrat date du carnaval 1701 à Florence, pour Alarico d'Albinoni et un opéra d'A. Scarlatti avec la Pini ; Carboni y incarne déjà dans les rôles titres. Après un passage à Gênes, le contralto est à Venise en 1703 et crée Farnace de Caldara au San Angelo avec la soprano Galerati. En 1704, Carboni participe aussi à une somptueuse sérénade donnée sur la lagune de Venise à la lumière des torches, avec la musique de Pollarolo et les célèbres Anna Torri, Antonio Borosini, F. De Grandis et Diamante Scarabellli. Le prestigieux San Giovanni Grisostomo de Venise lui ouvre ses portes en 1705-06 avec de brillants chanteurs : Anna Maria Lisi, la basse Carli, les castrats Romani et Matteuccio... La troupe créé deux œuvres de Pollarolo.
Giovanni Battista est au service de la cour de Mantoue, apparemment sa ville d'origine, et au service de laquelle passent aussi Santa Stella, Francesca Vanini, ou encore la Campioli ou la basse Zanoni. Il y restera fidèle une vingtaine d'année. À Mantoue, il paraît toutefois peu à l'opéra au début de sa carrière, participant seulement au Paride de Caldara en 1704 avec le castrat Tamburini.
On repère plutôt Carboni à Pavie (1705 avec la Scarabelli), Gênes, Bergame (Alciade de Gasparini avec le ténor Scaccia et la Giusti), et enfin Vincence en 1709. Entre 1709 1713, Carboni est un pilier du théâtre San Cassiano de Venise où il chante quatre saisons d'affilée les auteurs prisés du moment : Gasparini et Albinoni. Du premier, il incarne notamment La Principessa fedele, Tamerlano (avec Paita, Bernacchi et Santa Stella) ou encore La Verita nell'inganno ; d'Albinoni, Carboni chante Ciro, Il Giustino, Il Tiranno eroe... Le castrat paraît à Reggio Emilia, Bologne (1710) et encore Mantoue (1712). Parme et Vérone bénéficient de ses talents, puis Turin en 1716-17, par exemple dans Sesostri de Fiorè. À Bologne comme premier chanteur en 1717 avec les contraltos Tesi et Albertini, Carboni passe à Florence l'année suivante et incarne le rôle titre du Scanderberg de Vivaldi avec une jeune chanteuse appelée à mettre le monde lyrique à ses pieds, Francesca Cuzzoni.
En 1719 puis 1720, le castrat est à Rome avec Tollini, Romani et Fabri puis Fontana, Nicolino, I. Baldini et le ténor Borghi. La troupe interprète notamment A. Scarlatti. Carboni retourne ensuite à Venise, après sept ans d'absence, et chante Gualtiero dans La Griselda d'Orlandini avec la contralto Mazzanti et les ténor Fabri et Novelli ainsi que le fameux castrat Pasi. En 1726, le castrat vieillissant paraît encore dans son fief de Mantoue en Vologeso du Lucio Vero de Ciampi avec la basse Venturini. En 1739, ce pilier local a l'honneur de chanter dans Sensi di giubilo del genio di Mantova de Zuccari avec Marianino, en l'honneur de visites ducales, le livret précisant qu'il est virtuose de la chapelle S. Barbara.
En outre, une lettre rédigée par Benedetto Marcello en 1720 au Landgrave de Hesse-Darmstadt démontre le lien entre le compositeur et le castrat, interprète de ses cantates.
Carboni fait partie des castrats en vue durant les vingt premières années du siècle, mais n'a pas été retenu comme l'égal d'un Senesino ou de Nicolino. Les deux airs de bravoure que nous pouvons écouter donnent une idée flatteuse de son contralto agile.
Silhouette croquée par Zanetti ©Fondazione Cini
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