Les parents d'Antonio sont des Italiens installés en Allemagne.
Après avoir étudié le chant en Italie, le jeune castrat contralto revient dans son pays natal et fait sensation avec sa voix longue et expressive. De 1701 à 1707, il fait partie de la Hofkapelle du Wurtemberg à Stuttgart. Dès 1708, il est engagé au Hopfoper de Berlin et se produit notamment dans un second rôle d'Alexanders und Roxanes Heirat de Stricker avec la célèbre Conradi et la basse Grünewald, vedettes de l'opéra de Hambourg. Campioli foule les planches berlinoises jusqu'en 1712, et passe une première fois par Brunswick en 1710.
On le retrouve à la cour de Darmstadt où en 1715 il incarne Judas dans la Brockes Passion de Telemann. La scène et l'air du repentir du personnage sont particulièrement frappantes et utilise toute l'étendue de sa voix sombre. Pendant cette période, il participe également à Apollo in Tempe, attribué sans certitude à Ernst Christian Hesse, époux de la fameuse Döbricht-Hesse qui participe aussi à cette page avec la Schober et Grünewald. Certaines cantates pour alto écrites à Darmstadt plaide en faveur d'un engagement du castrat à la cour.
S'il paraît une première fois sur les planches hambourgeoises en 1719, Campioli est nommé chanteur à la cour de Brunswick-Wolfenbüttel. C'est l'occasion de fréquenter la Döbricht-Simonetti et de chanter la musique de Schürnmann, comme Otto dans Heinrich der Vogler en 1721. Un certain Hasse fait partie de la distribution ; il aura l'occasion de retrouver Campioli par la suite. Dès 1721-22, le contralto s'établit à Hambourg tout en se produisant un peu partout dans les cours allemandes : c'est le seul castrat à paraître dans l'opéra hambourgeois pendant de longues années, y compris dans la cathédrale ou les concerts (oratorios, cantates de Mattheson). En 1722, il reprend donc le rôle titre composé par Conti pour Vienne et traduit en allemand pour Hamburg, Don Quirotte in dem Mohrengebirge. C'est également le règne de Telemann, dont il chante plusieurs pages, avec des créations de Keiser (Ariadne, 1724) et des arrangements de Haendel (Muzio Scevola en 1723), d'autres compositeurs comme Porta, ou d'opéras français.
Campioli retrouve probablement l'Italie vers 1728. Il est engagé à Dresde en 1730 et doit, outre ses responsabilités de chanteur, peaufiner la formation des quatre nouveaux castrats acquis par le prince-électeur et roi de Pologne : Casimiro Pignotti, Bindi, Annibali et Rocchetti. Campioli crée ainsi Poro dans Cleofide de Hasse avec la Bordoni et Annibali, œuvre qui inaugure une période glorieuse pour l'un des principaux centres artistiques européens, avant de partir à Londres sur invitation de Haendel – qui essaie également en vain de faire venir le soprano Bindi.
Le contralto est alors secondo uomo dans diverses œuvres du compositeur installé en Angleterre : outre les reprises de Flavio, Admeto, Tamerlano et Poro, il crée Argone dans Sosarme, avant de retourner à la cour de Saxe.
Il participe alors à la plupart des évènements musicaux, en dehors de ses prestations à la chapelle catholique de la ville : en 1735 il est Marie de Cléophas dans Gesù al calvario de Zelenka, et chante dans les opéras de Hasse, comme Senocrita et Asteria en 1738. À partir de l'année suivante, il n'est plus distribué à l'opéra.
Le vieux castrat se retire en Italie, où il touche une pension de la cour de Dresde.
Campioli n'était pas extrêmement doué pour la colorature, surtout en vieillissant, mais possédait une voix longue et grave, magistralement exploitée par Hasse dans Cleofide, quand le castrat est un contralto profond.
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