Ce soprano natif d'Ancône est l'un des derniers castrats de renom, avec Caporalini, Sassaroli, Mattucci, Crescentini et Vellutti. Actif à la chapelle de sa ville natale jusqu'en 1801, il rejoint ensuite celle de Loreto jusqu'en 1809. Mais sa carrière passe aussi par les planches des théâtres, où il débute en 1789-90 à Fano puis Pérouse, en travesti avec Cibelli (Don Giovanni tenorio de Fabrizi, notamment).
On le retrouve à Rome de 1790 à 1792, en passant par Macerata. Son répertoire est cantonné aux opéras légers, et aux rôles féminins : on donne Paisiello, Guglielmi, Fioravanti...
Conversion totale à l'opera seria à partir 1793, à la Pergola de Florence, dans Ines de Castro d'Andreozzi. Il fait la navette entre Florence et Naples, entre 1793 et 1795. Bravura y donne par exemple Sofronia ed Olindo d'Andreozzi, avec Babbini, mais aussi un dramma eroicomico de Ruggi, aux côtés d'Anna Davia et de la basse Trabalza. À Padoue, en 1795, il campe le rôle titre du Cinna de Paër, avec l'épouse du compositeur et le ténor Simoni. Bravura chante ensuite à Gênes, Bologne, Florence, Venise (Andromaca de Paisiello avec la Catalani et Giacomo David en 1798) puis Turin pour achever le siècle avec I veri amici reppublicani de Zingarelli – Bonaparte est passé par là. On l'entend aussi comme soprano au SS Crocifisso de Longiano, avec Sassaroli.
Il donne Le Feste d'Iside de Nasolini à Ferrare en 1800, repris à Senigallia et Ancône. En 1801-02, il revient à Gênes, Trieste (avec l'immense Grassini) puis Florence, et Rome la saison suivante. Il y retrouve la soprano Teresa Radicati et la basse Zambelli dans La Fedra. On l'entend dans maintes autres villes italiennes dont Livourne, Pesaro, jusqu'à Parme en 1806-07, dans Artemisia de Cimarosa avec Dorotea Sardi.
Il doit effectuer un séjour à Londres vers 1803, mais le contrat échoue finalement. Il est probable qu'il paraisse à Moscou, destination prévue lorsqu'il entreprend un voyage en 1809 ; il écrit à la chapelle de Loreto qu'il ne reviendra plus en 1812. Il fait d'ailleurs également envoyer une croix d'argent ornée de pierres précieuses à Loreto alors qu'il est employé à la chapelle de Saint-Petersbourg (Moscou, selon d'autres sources) en 1822.
Un certain Antonio Bravura, également soprano, commence sa carrière environ douze ans avant Girolamo. On sait que ces deux chanteurs ont un lien de parenté. Antonio débute un peu à la manière de son frère, entre Pergola (1777, L'avaro d'Anfossi), Rome, Fano et Macerata, villes où il chante l'opera buffa en travesti, par exemple Laurina dans L'Italiana in Londra de Cimarosa (Fano, 1781) ou Li muti per amore de Bernardini en 1785 (Rome). La transition vers le genre sérieux a lieu en 1786, avec Idalide de Sarti à Reggio Emilia et Modène, avec à ses côtés rien moins que Crescentini et Anna Pozzi. Il se produit encore abondamment pendant deux ans à Crémone, Trieste, Vicence, Venise et Rome avec notamment le grand ténor Babbini ou Anna Andreozzi.
Parallèlement, Antonio fait partie de la chapelle de Pesaro (1777-1782) puis Rimini.
En 1788, sa trace disparaît des théâtres ; Antonio est au service du prince Potemkine à Saint-Pétersbourg, et l'accompagne dans ses voyages. Il interpète par exemple des airs de Sarti pour célébrer les victoires russes sur le champ de bataille. On perd la trace d'Antonio après la mort de Potemkine en 1791. |