Le contraltiste Brandi, probablement falsettiste (ou ténor aigu) et non castrat, fait partie des premiers interprètes réputés de ce type alors que le genre opéra émerge progressivement. D'abord intégré au fabuleux laboratoire artistique de la cour des Médicis à Florence, Brandi fréquente les plus grands chanteurs de son temps, comme les Caccini, Peri, Francesco Rasi, la cantatrice Archilei, etc. C'est avec une bonne partie d'entre eux qu'il crée Euridice de Peri en 1600, dans le rôle d'Arcetro.
Monteverdi requiert les services du chanteur pour la cour de Mantoue, où Brandino retrouve Rasi et se produit avec la Florinda et Settimia Caccini dans Arianna, où il incarne Teseo ; il est également probable qu'il chante Il Ballo delle ingrate et certains madrigaux du maestro, qui seront publiés dans le sixième livre. Brandi était apparemment prévu pour le rôle de Téthis dans Le Nozze di Peleo e Tetide à cette même occasion, mais l'œuvre de Peri est finalement décommandée. Il marque également profondément Marco da Gagliano dans son interprétation du messager Tirsi dans La Dafne, et, comme il le précise dans la préface de l'œuvre éditée, le compositeur souhaiterait « faire revivre la manière dont Signor Brandi le chantait [...] car il le faisait avec une telle expressivité qu'on ne pouvait imaginer mieux. » La grâce du chant mais aussi son attitude dans ses rôles et la clarté de sa diction furent à l'origine du succès de Brandino, doté en outre d'un somptueux et profond timbre de contralto : dès les premières mesures de son entrée dans Euridice, il plonge au la grave.
Cette attention des mucisiens au mot et à l'action dans leur jugement des chanteurs est tout à fait intéressante à une époque où le drame lyrique se met en place, alors que le texte occupe la place prépondérante. |