En 1724, le prince-électeur de Saxe et roi de Pologne décide de faire revivre l'opéra italien et de constituer une troupe permanente en sélectionnant et formant à grands frais de jeunes chanteurs à Venise, avec l'aide de l'ambassadeur saxon dans la Sérénissime et du maestro Lotti : outre Bindi, on recrute les castrats Annibali, Pignotti et Rocchetti. Avec Maria Cattanea et les sœurs Negri, tous reçoivent une coûteuse formation en Italie, sorte de stage intensif précédant leur arrivée en Saxe. Les quatres jeunes castrats passent donc par Bologne, Venise, et Bindi bénéficie même, selon Fürsternau, de l'enseignement de Porpora, dont il tirera son surnom.
On trouve les traces des débuts de Giovanni à Rome : pour le carnaval 1730, il chante dans Siface et Mitridate de Porpora au Capranica, avec Caffarelli, I. Baldini, Monticelli, Amorevoli et Montagnana ! La même année, en juin, toute cette écurie de vocalistes arrive enfin à destination.
C'est donc avec une évidente volonté d'excellence que l'électeur de Saxe monte sa troupe de chanteurs, complétée par les musiciens déjà présents à Dresde, dont l'alto Niccolò Pozzi, et l'arrivée du vieux contralto Campioli – qui met la touche finale à la formation des castrats – et du couple le plus en vue du moment, les Hasse. Tous se produisent dans l'opera seria de ce dernier et la musique sacrée de Zelenka. Bindi ne participe cependant pas à Cleofide, qui inaugure cette période faste de la musique à la cour saxonne. Certaines conjectures destinent la cantate de Bach Jauchzet Gott in allen Ländern, fameuse pour sa virtuosité concertante avec la trompette, au jeune Giovanni Bindi – pourquoi pas aussi Rocchetti ? Michael Talbot estime également possible que Vivaldi ait taillé certaines cantates et son Laudate pueri RV 601 à la mesure des moyens de Bindi, puisque ces œuvres furent envoyées à Dresde comme une sorte de dossier de candidature au poste de Kapellmeister, à l'instar de J. S. Bach et de sa messe en si mineur.
En 1732, Haendel passe par l'intermédiaire de G. Zamboni qui écrit plusieurs lettres à Dresde pour savoir si le castrat peut être libéré pour la saison suivant à Londres. Giovanni Bindi écrit finalement :
Je n'ai pas répondu immédiatement à la lettre dont vous m'avez honoré le 26 août dernier, car je supposais alors pouvoir obtenir le droit de me rendre à l'invitation du très aimable et vénérable Haendel. Ce n'est pas sans grand déplaisir que je dois la décliner, n'étant actuellement pas autorisé à quitter mon service.
Si le Prince ou la Princesse royale en faisait la demande personnellement, ou par le truchement d'un de leurs ministres [...], je pense que mon maître considèrerait une telle lettre avec toute sa magnanimité et que je pourrais venir pour la saison prochaine. Mon souhait est de vous servir et de mériter l'estime de Haendel. Je vous prie de bien vouloir lui transmettre mes respects.
Au service du roi de Pologne à Dresde il chante donc notamment Marie Madeleine dans Gesù al calvario de Zelenka en 1735, Irene puis Fernando dans Alfonso en 1739, Artaserse en 1740, Alessandro dans Antigono de 1744, l'Amour dans Amore insuperabile de Ristori en 1747, pour les célébrations dresdoises des noces de Louis XV avec Marie-Josèphe de Saxe, etc.
En 1739, Bindi est à Rome. Il chante Astarto de Terradellas avec Annibali et Filippo Giorgi.
Lorsque Frédéric de Prusse arrive à Dresde en 1742, il fait immédiatement donner Arminio, avec la Bordoni, Amorevoli et Bindi, et cherche lui aussi à s'attacher ce dernier, dont le chant aigu et virtuose correspond à ses goûts. Le faste et la qualité de la musique à Dresde ne manquait pas d'exciter la jalousie du souverain, même si Berlin ne manquait pas d'excellents chanteurs !
La mort surprend Giovanni Bindi en 1749, alors qu'il devait sans doute chanter Publio dans Attilio Regolo, qui sera finalement l'un des grands succès de Regina Mingotti. Dresde perdait ainsi l'un de ses chanteurs favoris.
Le registre de Giovanni Bindi est singulièrement aigu, et s'étend au moins jusqu'au contre-ré. Outre cette tessiture, il se dinstingue par une virtuosité exubérante, abondamment exploitée par Hasse dans des airs hauts en couleur comme Nocchier che teme assorto, écrit pour Agostino Fontana et repris dans la production dresdoise de Cajo Fabrizio, et qui exige de surcroît deux excellents cornistes. |