Carlo Bernardi est le frère aîné (de cinq ans) d'un autre contralto, autrement plus célèbre : Francesco Bernardi, dit Senesino en raison de leur origine siennoise. Les deux frères manifestent un talent musical précoce qui encourage leur père à les faire castrer, après quoi ils passent six ans à chanter dans les chœurs du Duomo de Sienne.
Ses débuts lyriques datent sans doute de 1700 dans sa ville natale et avec Francesco, dans Il Trionfo di Camilla de Bononcini. Âgé de 18 ans, Giovanni Carlo y reprend le rôle comique de Tullia, aux côtés du castrat Frilli et de la prima donna Pini. En 1704, toujours à Sienne, il participe à La Caduta de' Decemviri, d'un compositeur qu'il interprète souvent par la suite : Alessandro Scarlatti. Il poursuit sa carrière à Florence (Gasparini) puis à compter de 1705 à Palerme.
Carlo devient un pilier des théâtres siciliens, puisqu'il paraît dans de nombreuses productions à Palerme puis Messine avec le ténor Lauri et la soprano Manfredi, jusqu'en 1713. On y reprend les créations de Scarlatti, mais aussi Gasparini (L'Alarico, 1705) et des créations du maestro local Giacomo Facco (I Rivali generosi, 1712).
De retour sur la Péninsule, Bernardi chante à Florence puis dans Tigrane de Scarlatti à Livourne avec la soprano Zani (1716). Dans cette production, on lui coupe trois airs du personnage de Policare, créé par la contralto G. Albertini à Naples ! Il chante Demetrio pour Domenico Scarlatti à Rome, entouré de brillants castrats, ainsi que Telemaco de Scarlatti père, en 1718-19, avec Gizzi et le ténor Fabri. Après Gênes, c'est à Pesaro qu'on le retrouve, en 1724, fort bien entouré par Guicciardi, la Gualandi ou encore Pignattino.
Malheureusement, Carlo est sans doute loin de partager les talents de son frère, et sa carrière ne décolle jamais au même niveau ; s'il se contente de nombreux seconds rôles, c'est apparemment sans gloire. Swiney dit de lui « his singing 'tis d____ » [sans doute deuce ou damned, rien de flatteur en somme] après l'avoir vu au San Giovanni Grisostomo, lors de la saison 1724-25, pendant laquelle il est chante Berenice d'Orlandini, Ifigenia in Tauride et La Rosmira fedele de Vinci avec Bordoni, Barbieri, Merighi et Scalzi, soit une excellente troupe. On l'entend ensuite à Parme puis Pesaro en 1726, dernière prestation documentée. Giovanni accompagne visiblement son frère à Londres de 1726 à 1728, mais ne s'y produit pas.
Carlo Bernardi peut un temps se flatter du titre de virtuoso di SAS Gran Principessa Violante Vedova
di Toscana (cour de Florence). De 1718 à sa mort en 1740, il est au service de la cathédrale de Sienne. |
> airs Già nel seno * Ho il cor * Vendetta, vendetta |
O. Vermeulen, Concerto de’ Cavalieri dir. M. Di Lisa – retransmission de concert, Amsterdam 2022
G. Schmidt, Balthasar-Neumann-Ensemble - dir. T. Hengelbrock – retransmission de représentations à Schwetzingen, 2005
D. Barcellona, Concerto de' cavalieri dir. M. Di Lisa – CD Deutsche harmonia mundi 2011 |