Typiquement, le jeune castrat soprano débute dans les rôles féminins, en l'occurence légers : en 1770-71, il paraît une première fois à Pérouse, puis les années suivantes à Spolète, Foligno (Il Barone di Rocca antica de Franchi, reprenant le rôle de Consoli), y compris comme seconda donna seria dans un Demetrio. En 1776, retrouvant Pérouse il chante comme secondo donna mais aussi le dernier rôle de Demofoonte de Paisiello, avec les castrats Fiammenghi et Veroli. Il poursuit essentiellement comme interprète de rôles féminins, y compris à Florence mais aussi Rome dès 1777-78. À partir des années 1780, il aborde enfin plus régulièrement les rôles masculins, même s'il retrouve de temps en temps les jupons (Pérouse en 1781, Civitavecchia en 1787, Rome en 1787-88) ; il s'est alors hissé au rang de secondo uomo serio, notamment à Pise, Vérone, Milan (Ezio d'Alessandri avec Mlles Sassi et Alberoni) et Parme.
Entre 1782 et 1786, Bartolini s'installe à Londres sur les planches du King's Theatre, où il est chargé de rôles sérieux de second plan et chante aussi les jeunes premiers d'opera buffa. Pour le serio, Vincenzo côtoie encore les meilleurs chanteurs du moment, par exemple la Ferrarese, la Mara, le ténor Babbini et les castrats Pacchierotti, Crescentini et Rubinelli surtout dans divers pasticci répondant aux pratiques de l'époque, rassemblant des pages de Bertoni, Cherubini, Sarti voire Haendel ; citons Issipile d'Anfossi en 1784, où l'on applaudit l'air de bravoure de Bartolini. Côté léger, les œuvres sont aussi largement adaptées : La Scuola dei gelosi de Salieri contient aussi des pages de Sacchini, Mazzoni, Paisiello, Mazzinghi et Anfossi... Dans ce genre, Bartolini se produit avec Rachele D'Orta ou encore les basses Tasca et Morigi.
De retour sur le continent, la raréfaction des castrats allant s'accélérant, Bartolini accède aux premiers rôles : c'est par exemple le cas à Reggio et Livourne en 1788, puis encore Turin (Ariarate de Giordani avec la Mara), Vercelli, Florence (il y incarne Hamlet dans une mise en musique de Bianchi, avec Teresa Saporiti, en 1790). Le castrat effectue un séjour à Madrid la même année, chantant à l'opéra et en concert, notamment avec la jeune soprano Correa.
On le retrouve à Livourne en 1796, puis Reggio, Parme et Florence (dans un oratorio). Il est fixé à Venise en 1801 et 1802 pour les opéras de Cimarosa, G. Farinelli (Il Cid delle Spagne) et Mayr (Argene), avec les castrats Damiani et Caporalini, la soprano Delicati et le ténor Crivelli, entre autres. Sa trace semble ensuite se perdre.
Le Mercure de France s'attarde élogieusement sur Bartolini en mars 1787, alors que le soprano revient juste de Londres et se produit à nouveau comme prima donna à Rome dans un opéra d'Anfossi :
Bartolini, plein de grâce & d'expression. Il vient d'Angleterre, de manière qu'il est peu connu en Italie. Sa voix n'est point parfaite ni forte ; il en résulte que souvent elle n'est pas ferme, & quelquefois l'intonation est douteuse, mais malgré cela on peut dire que c'est un très grand chanteur, possédant la plupart des qualités pour arriver à la perfection de cet Art. Il a beaucoup du style de Marchesino [le castrat Luigi Marchesi]; il a la plus grande sûreté & fermeté dans tout ce qu'il fait, dans les roulades frappant les divisions de manière que chaque note étant entendue comme elle doit l'être, il en résulte cet intérêt de la bravoure que l'on n'aime pas chez nous, parce qu'on ne sait pas l'apprécier, & que ne connaissant pas la musique vocale par rapport à l'art qui lui est propre, on n'en a jamais senti les divers mérites. Il a aussi de l'expression, de la variété, & sur-tout beaucoup d'effet relativement à son organe. |