Originaire de Venise, Andrea Adami est l'un des plus brillants castrats et musiciens de Rome, où il mène l'essentiel de sa carrière. Son père est apparemment vendeur de poisson, mais envoie le jeune soprano dans la capitale.
On le repère sporadiquement dès 1682 au sein de la Cappella Giulia de Saint-Pierre, et en 1688-89 dans diverses églises comme Sainte-Marie-Majeure. Il interprète aussi des oratorios au Crocifisso, notamment Santa Maddalena dei pazzi de Lulier en 1687, puis deux après San Beatrice d'Este du même. En 1684, il intègre la Congrégation des musiciens de Sainte Cécile, et en 1686 l'Académie de l'Arcadie, important mouvement artistique. En 1689 enfin, Adami entre au service du cardinal Pietro Ottoboni.
Employé avec les castrats Tiepoli et Betti, entre autres, et devenu abbé, il est le favori du cardinal qui lui sera fidèle jusqu'à sa mort. Le castrat deviendra même le secrétaire d'Ottoboni. Comme ses collègues, Adami est membre de la Chapelle pontificale à partir de 1689, ainsi que de l'académie de l'Arcadie. Il paraît toutefois sur les scènes de théâtre, comme dans Il Figlio delle selve en 1687, ou encore Il Colombo en 1691, avec le ténor Antonio Borosini dans le rôle titre, la basse Ercole et les castrats Tiepoli et Cortona. On l'entend régulièrement dans les oratorios des années 1690, dont Bethsabeae de Lulier (1692) avec le contralto Montalcino, ou encore Maria assunta in cielo de Gasparini (1697) avec Bigelli, Garghetti et Tiepoli.
C'est sans doute par le truchement du cardinal que le castrat fait la connaissance d'Alessandro Scarlatti, avec lequel il se lie et qui lui laisse un recueil de cantates composées entre 1704 et 1705. Le cardinal fait jouer de ses influences pour qu'Adami soit nommé au collège pontifical en qualité de chef de chœur en 1700, poste qu'il occupe durant quatorze ans.
Mais les choses ne vont pas toujours aussi bien : en 1706, le cardinal échoue à faire nommer Adami à San Lorenzo di Damaso face à l'opposition des membres en place, d'ascendance noble. Adami n'est qu'« un chapon [...], un fils de paysan », si bien que le cardinal s'emploie à faire nommer Bolsena – et sa descendance ! – comme citoyen vénitien de première classe. En 1709, alors qu'Ottoboni se rend à Florence pour discuter de certaines questions politiques, il emmène Bolsena dans sa suite. Ferdinand de Médicis invite le castrat à chanter mais ne le gratifie en retour que de six bouteilles de vin, « comme un castrat ordinaire ».
En 1711, le musicien publie ses Osservazioni per ben regolare il coro dei cantori della Cappella Pontificia, que lui permettent de faire rayonner son autorité au sein de l'institution ainsi que son excellente réputation, tant sur les plans humain que musical. Ce traité témoigne d'un conservatisme tenace dans les pratiques de la chapelle Sixtine, strictement identiques dans cet opus à ce que l'on connaît du XVIe siècle. Devenu jusqu'à aujourd'hui une référence incontournable, l'ouvrage est activement recherché par Charles Burney, qui le reçoit des mains du castrat Santarelli, plusieurs décennies après la mort d'Adami.
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