Vogel est une basse, ou plutôt un baryton aigu – souvent désigné comme ténor –, dont la notoriété ne dépasse guère Vienne où il fait partie des plus solides chanteurs en activité, avec ses collègues à voix grave Saal ou encore Weinmüller.
En raison du décès précoce de son père, Johann Michael est élevé par son frère aîné. Il reçoit tôt des leçons de chant et commence même une carrière comme soprano à l'âge de neuf ans, à la Stadtpfarrkirche de sa ville natale, Steyr (Autriche), puis à compter de 1781 à Kremsmünster. Ami de Süssmayr à cette époque, il parvient à monter sa carrière avec le soutien du compositeur, malgré sa réussite dans l'étude du droit et de la philosophie. Le voici maintenant baryton, avec de beaux talents dramatiques, et il bénéficie des conseils du castrat Crescentini.
Engagé au Hofoper en 1794, Vogel crée Palmira de Salieri auprès de Marianna Sessi, des basses Angrisani et du ténor Mombelli en 1795, et paraît la même année dans les concerts caritatifs de la Tonkünstler-Sozietät. Il crée aussi Cesare in Farmacusa du même Salieri avec Simoni et la Tomeoni. En 1796, il se produit au moins dans Der Dorfbarbier de Schenck, et l'année d'après dans une traduction du Barbiere di Seviglia de Paisiello. On reconnaît vite un talent à ce chanteur et acteur de haute stature. En 1800, il interprète pas moins de onze rôles italiens et deux rôles allemands, par exemple Osmin dans Gülnare de son ami Süssmayr. Quand le castrat Marchesi vient se produire à Vienne avec son nouveau succès, la Ginevra di Scozia de Mayr, Vogel interprète le roi d'Écosse avec Mme Ricciardi-Paër et Brizzi. En 1804, Vogel participe à Aline, Königin von Golkonda de Berton, où il compose un duetto de substitution, et chante Zingarelli avec l'autre grand castrat du temps, Crescentini.
En 1807, il interprète Oreste dans l'Iphigénie en Tauride de Gluck dans une traduction allemande avec Anna Milder, Leonore du Fidelio dans la version de 1814, où Vogel interprète Pizzaro. Ces prestations impressionnent vivement le jeune Schubert. Il chante aussi Spontini (Fernand Cortez), Mozart (Basilio et le comte), Weigl, Winter... En 1800, l'Allgemeine musikalische Zeitung est encore dubitatif et écrit :
Herr Vogel, ténor, possède une bonne voix et connaît très bien la musique, mais parvient à tout sauf à plaire sur scène, du fait de ses grimaces ; sans cela et sans la haute opinion qu'il a de lui-même, il serait remarquable, c'est certain.
On se rappelle aujourd'hui surtout cet artiste comme l'un des plus proches amis de Schubert, qu'il soutient financièrement et dont il interprète les Lieder en privé avec le compositeur au piano, après leur rencontre en 1817. La renommée de Vogel joue favorablement dans la reconnaissance du talent de Schubert, qui compose maintes pièces avec le baryton en tête. C'est bien légitimement que Vogel participe à la création de l'opéra Die Zwillingsbruder en 1820. L'année précédente, Schubert (avec Stadler) avait fait donner la cantate Der Frühlingsmorgen, explicitement dédiée à Vogel à l'occasion de son anniversaire (D. 666). Vogel mêle sa voix à celle de Schubert pour une interprétation d'Erlkönig à trois chanteurs – le baryton chante alors le Roi des aulnes.
Vogel se marie en 1826.
Il enseigne également, notamment à la soprano dramatique Caroline Ungher, interprète de Beethoven et Donizetti. |