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Emmanuel SCHIKANEDER

1751 – 1812

Aussi [Johann Joseph]

Natif de Straubing, en Bavière, Johann Joseph (il changera son nom pour Emmanuel) est issu d'un milieu extrêmement modeste. Sa mère veuve se rend à Regensburg où Schikaneder reçoit ses premiers enseignements à l'école jésuite, et touche à divers emplois dans l'univers du spectacle : Schikaneder commence comme artiste en jouant la comédie, en chantant, en dansant, principalement dans la troupe d'un certain Andreas Schopf, mais aussi à Innsbruck. Bien vite, il écrit des livrets et de la musique. Dès 1773, son Singspiel Die Lyranten obtient un beau succès à Innsbruck ; la basse y chante le rôle principal. En 1777, Emmanuel épouse l'actrice Maria Madgalena Art (dite Eleonore), qui l'accompagne longuement malgré les nombreuses infidélités dont il se montre coupable.
Grâce à elle notamment, Schikaneder s'établit à Nuremberg en 1778 à la tête de sa propre troupe, qui se rend à Salzbourg en 1780 : c'est là qu'Emmanuel se lie étroitement aux Mozart (ils se retrouvent également dans la franc-maçonnerie). Wolfgang promet de lui écrire une scène pour un Singspiel. L'acteur tournait déjà régulièrement : il passe par Augsburg, Stuttgart avant Nuremberg, puis Laibach, Klagenfurt et Linz avant Salzbourg. Il chante également à Pressburg en 1783 : cette dernière prestation impressionne l'empereur Joseph II qui le fait venir au Kärntnertortheater de Vienne, ce qu'il fait après un passage à Budapest. La troupe commence par reprendre Die Entführung aus dem Serail de Mozart (sans Marten aller Arten !), et propose aussi La Fedeltà premiata de Haydn. Joseph II continue de lui accorder son soutien en lui ouvrant les portes du Burgtheater chargé de promouvoir l'opéra en allemand ; mais en 1786 Schikaneder a quitté la capitale, frustré de n'avoir droit à son propre théâtre.

Il tourne entre Augsburg, Memmingen et Regensburg pendant trois ans avant de retrouver Vienne, qui sera désormais au cœur de ses activités. En effet, Emmanuel saisit l'occasion de prendre la tête du Freihaustheater : la salle rouvre avec Der dumme Gärtner, un Singspiel de sa plume. Schikaneder amène avec lui la basse profonde Gerl, recrutée à Regensburg, et s'assure également les services de la spectaculaire Hofer. Schikaneder se montre habile impresario et libretistes ; il sait s'entourer de talents – Mozart, Beethoven – et écrire de drames habilement troussés pour un public où se mêlent toutes les classes. Il joue sur la fibre patriotique (Hans Dollinger à Regensburg), le comique et surtout le merveilleux et l'exotique, ce dont Die Zauberflöte est un excellent exemple. Dans la même veine se situent Oberon de Wranitzki ou encore Der wohltätige Derwisch. Schikaneder exploite les succès à fond en écrivant des suites : c'est le cas pour Der dumme Gärtner et Die Zauberflöte. Il présente et interprète des Singspiele écrits parfois par plusieurs des chanteurs, dont lui-même, Gerl et Schack, mais aussi des compositeurs plus établis comme Mozart (ses opéras sont traduits en allemand), Umlauf, Haydn, Winter (Babylons Pyramiden en 1797) et Franz Xaver Süßmayr. Au répertoire du Freihaustheater figurent aussi théâtre parlé, ballets et tout l'éventail imaginable des spectacles.

Le succès aidant, notamment avec le chef-d'œuvre mozartien, Schikaneder peut faire édifier le Theater an der Wien, qui ouvre en 1801 avec Alexander de Franz Teyber, dont il signe le livret, avec le ténor Simoni et la soprano Antonia Campi. On reprend Die Zauberflöte mais l'affiche est renouvelée et on applaudit désormais les sopranos Saal et Gassmann-Rosenbaum ou encore la basse Weinmüller. Schikaneder lui-même ne chante plus Papageno... Il quitte la direction du théâtre en 1804 et se lance dans diverses entreprises qui l'amènent jusqu'à Brno et Steyr. Il meurt l'esprit dérangé dans la région de Vienne.

Oberon Scherasmin P. Wranitzky 1789 Vienne
  R. Kogel, Chor und Orchester des Staatstheaters am Gärtnerplatz dir. A. Mounk – retransmission de représentations, Schwetzingen 1980
Der Stein der Weisen Lubano Henneberg et al. 1790 Vienne
  Boston baroque dir. M. Pearlman – CD Telarc 1999
Der wohltätige Derwisch Mandolino ? 1791 Vienne
  Boston baroque dir. M. Pearlman – CD Telarc 2002. Attribution incertaine
Die Zauberflöte Papageno W.A. Mozart 1791 Vienne
  Enregistrement au choix
Das Labyrinth Papageno P. von Winter 1797 Vienne
  T. Tatztl, Mozarteum de Salzbourg dir. I. Bolton – Retransmission de représentations, Salzbourg, 2012