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Carlo ROVEDINO

1751 – 1822

Aussi [Rovedini]

Basse milanaise.
Rovedino se rend pour la première fois à Londres en 1777, où il fait ses débuts locaux en bénéficiant des conseils de Rauzzini et Sacchini. Il chante par exemple avec les Jermoli et la jeune Anna Pozzi dans L'Avaro deluso de ce dernier compositeur. Rovedino paraît aussi dans le cadre de concerts organisés par Rauzzini et Lamotte, notamment en 1779.

La basse retourne en Italie, et chante l'opéra bouffe à Venise en 1780-81, comme I Viaggiatori felici d'Anfossi. Il est à Naples en 1784-85 et chante Salieri et Cimarosa. En 1786, Rovedino prête sa voix de basse chantante à l'oratorio Gefte, pasticcio créé à Naples avec la jeune diva Marchetti, et le ténor Mengozzi : il se distingue particulièrement dans ce brillant ensemble, d'après le musicographe Ferrari, qui apprécie sa voix ample et longue ainsi que son art de réciter « le cantabile comme un ange ». Il donne aussi l'oratorio Il Trionfo di Davide de Rispoli avec Giacomo David, la Coltellini et le castrat Martini. On l'entend ensuite à Milan, Monza et Rome en 1788 (I Tre Fratelli ridicoli de Giordani, encore avec Andrea Martini).

Entre 1789 et 1792, il fait partie de la troupe italienne qui enchante Paris et participe à quasiment toutes les production d'opéras bouffes de Paisiello, Anfossi, Cimarosa, Sarti, Gazzaniga, etc. avec la Morichelli, Viganoni et les Mandini. Il y crée Don Quisciotte de Tarchi et reprend I Filosofi immaginari de Paisiello, ou encore La Bella Pescatrice de Guglielmi. Rovedino est selon Castil-Blaze buffo cantante, et non caricato comme son collègue Raffanelli, ce qui implique des moyens vocaux plutôt conséquents et davantage de noblesse : c'est pour cela que la basse affronte parfois les genres plus sérieux, chose relativement rare pour cette tessiture à l'époque. Le Mercure de France le confirme dans son commentaire des Vicende amorose de Tritto, donné au théâtre de Monsieur :
M. Carlo Rovedino, basse sérieuse, chante le rôle de Dublas, un Hollandais. Sa voix est superbe, & quoique très grave, & avec le caractère propre à son diapason, elle est légère, & capable d'exécuter les passages avec facilité. La méthode de M. Rovedino est excellente. Le succès prodigieux qu'il avait déjà eu dans une société nombreuse & brillante, a été confirmé par le public.
En 1801, Fabien Pillet l'évoque avec la troupe italienne dans son Année théâtrale :
Rovedino, doué d'une physionomie marquante, et d'une haute stature, avait une voix analogue à ses moyens extérieurs, c'est-à-dire la basse taille la plus prononcée, la plus forte, la plus mordante que l'on pût entendre.

Rovedino quitte Paris pour retrouver l'Angleterre, où il demeure jusqu'à la fin de ses jours, pilier fidèle des scènes londoniennes pendant 23 ans, voyant défiler les divas sérias Banti, Billington, Grassini. Là encore défini comme basse chantante, il participe à tous les genres et laisse les rôles purement bouffes à Morelli. On entend ainsi Rovedino dans Aci e Galatea de Bianchi et Alceste de Gluck en 1795 (ne plaisant guère à Haydn), Cinna de Bianchi en 1798 sur un livret de Da Ponte, Armida de Bianchi en 1801, Angiolina de Salieri l'année suivante et maints opéras comiques de Paisiello, Guglielmi, Cimarosa etc. et encore avec la Catalani dans La Vestale de Pucitta en 1810. Il a alors une fâcheuse tendance à chanter faux, et son Sarastro de Mozart en 1811 est à bout de souffle.

À son décès, The Gentleman's Magazine de 1822 publie la notice nécrologique suivante :
Il était remarquable par la puissance, l'étendue et le moelleux de sa voix, ainsi que pour sa science et sa musicalité.
Il laisse une fille et deux fils, dont Tommaso Rovedino (1789 – 1860), également chanteur d'opéra, connu à Londres sous le sobriquet de Young Rovedino.

La Capricciosa corretta Don Giglio V. Martín y Soler 1795 Londres
  C. Marin, Les Talens lyriques dir. C. Rousset – CD Naïve