Raffanelli naît au bon moment, à Pistoia, et accompagne l'opera buffa et la farsa à son apogée, essentiellement à Venise et Paris.
Sa carrière débute en 1774, où il paraît dans un opéra d'Astaritta à Florence. À Livourne, en 1778, il créé deux pages de Gazzaniga promises à un beau succès, dont La Vendemmia, avec la soprano Clementina Baglioni et le ténor Viganoni. En 1784, Luigi partage l'affiche avec la basse Morelli à Milan, et se trouve avec son épouse Giulia Moroni-Raffanelli à Monza. On le repère à Rome en 1787.
Entre 1789 et 1792, en pleine ambiance révolutionnaire, il est recruté par son collègue Morelli pour la troupe du Théâtre de Monsieur de Paris, où l'on donne l'opera buffa italien avec grand succès. Il est un pilier du groupe où se succèdent d'autres grands noms comme la Morichelli, le couple Mandini, la basse Rovedino, les ténors Simoni et Viganoni, et d'autres encore. Outre les innombrables reprises de Paisiello, Cimarosa, Anfossi, il crée le rôle titre du Signor di Pursognac de Jadin. À son arrivée, le Mercure de France commente de façon intéressante :
Sa voix n'est pas excellente mais elle a bien le caractère de ses rôles ; il chante avec beaucoup d'adresse, de précision, & de la manière qui convient à une basse. Il joue en Acteur consommé & fait voir beaucoup d'intentions comiques. Si dans les premières représentations il a un peu outre-passé la mesure que l'on accorde à la caricature en France, ce n'est pas à lui qu'il faut s'en prendre, mais au goût de son pays. Comme il paraît entendre très bien la scène, il suffit de l'avertir de ce que nous aimons & de ce que nous rejetons. Par exemple, nous croyons devoir lui dire qu'en noircissant ses sourcils, il se prive, par cette grimace factice, de beaucoup d'avantages naturels. Sa physionomie, assez mobile, se prêterait assez d'elle-même au comique. Madame Raffanelli, son épouse, chante les troisièmes rôles.
En 1790, le Moniteur se pâme : « L'acteur le plus profond, le plus rempli d'intelligence et de feu, le comique le plus naturel et le plus vrai ».
La troupe est dissoute en 1792 et Raffanelli retrouve l'Italie. Après un passage à Vérone, il est à Venise qui admire sa manière d'interpréter toute sorte de personnage entre 1797 et 1799. La basse joue des pièces de Mayr, Cimarosa, Gardi et Portogallo. Il est à Vicence avec Brocchi en 1799, de nouveau à Venise en 1800, par exemple dans La Sonnambula de Paër.
Lorsque Paris se dote d'une nouvelle salle consacrée au genre bouffe italien en 1801, on rappelle Raffanelli, qui retrouve le ténor Lazzarini et la soprano Teresa Strinasacchi (l'une de ses partenaires régulières en Italie). Ensemble, ils donnent la première française du Matrimonio segreto dans lequel Luigi chante Geronimo. Fabien Pillet fait le bilan de l'année théâtrale et le trouve absolument inchangé par rapport à ses apparitions dix ans plus tard, avec le même formidable talent d'acteur.
Retrouvant l'Italie, il chante Pavesi à la Fenice en 1805, puis se rend à Milan la même année pour interpréter le même auteur. Ce n'est qu'en 1807 qu'il se produit dans sa ville natale, dans deux opéras écrits pour lui par G. Farinelli. On l'entend toutefois principalement dans les théâtres de la Sérénissime.
Il y donne La Verita nella bugia de Carlo Coccia en 1809. Il a notamment l'occasion de créer trois farces de Rossini écrites pour le San Mosè, avec notamment les célèbres Teresa Belloc et Filippo Galli dans L'Inganno felice. Raffanelli passe aussi ces dernières années à chanter Pavesi, Mosca, Generali, etc.
Plus réputé comme acteur que comme chanteur, Raffanelli fait partie des meilleurs du genre comique à son époque, avec Brocchi, et enseigne son art de la gestuelle au grand Luigi Lablache. À Paris, on l'appelle le Préville italien, d'après un très célèbre acteur français pilier de la Comédie-Française.
|