Aussi [Cristoforo] [Braun] [Praunn] [Christian]

Basse d'originaire allemande, semble-t-il, Christoph Praun devient membre de la Hofkapelle de Vienne en 1715, et demeure en service jusqu'en 1764. Son salaire annuel est plutôt généreux pour sa tessiture, et il succède à Borrini comme principal basse de l'effectif. Ainsi, dès 1717 et pendant plusieurs décennies, Praun se produit sur les scènes de théâtre et prend part à plus d'une centaine d'opéras et oratorios.

Doté d'une voix très longue (do1 – fa4) parcourant les lignes les plus tortueuses, mais aussi très bien conduite et expressive dans les mouvements lents, Praun est de tous les évènements majeurs, comme les festivités marquées par Costanza e Fortezza de Fux à Prague, La Contesa de Numi de Caldara, ou encore Il Trionfo della Fama de Conti. Très à l'aise dans les coloratures, il s'illustre régulièrement dans des airs avec instruments obligés, notamment dans I Due Dittatori (1726) avec basson, ou des trompettes dans Scipione nelle Spagne (1722) de Caldara. F. Durante lui destine également un Salve Regina.
Le célèbre musicien Quantz rapporte que le chanteur, doté d'une voix profonde, fait preuve d'une qualité de finesse dans l'adagio que l'on n'attend généralement pas pour un artiste de cette tessiture. Il est vrai que les airs que les divers maîtres de chapelle lui ont réservés présentent des aspects très variés et ne se cantonnent pas à la vigueur et la démonstration de force (comme c'est souvent le cas avec Boschi chez Haendel, par exemple). Il est l'interprète de choix des pages de Conti, Porsile, Fux, Bononcini, Caldara, Predieri etc.
Praun est chargé, avec Orsini, de l'enseignement du chant à Vienne. Après la création de son Demetrio (Caldara), le grand Metastasio commente toutefois :
Braun [sic], qui est la basse, n'a pas fait la moitié de ce qu'il faisait pendant les répétitions, durant lesquelles il a peu fait.

Avec l'alto Gaetano Orsini et le ténor Silvio Garghetti, Praun fait de toute évidence partie des chanteurs employés les plus régulièrement et le plus longuement à la cour de Vienne. Il participe aux premières mises en musique des livrets de Métastase dans les années 1730, comme Sebaste dans Temistocle de Caldara, Aquilio dans Adriano in Siria du même, ou encore la Rigueur dans Astrea placata de Predieri (1739). Il prend sa retraite en 1764, recevant une pension jusqu'à sa mort.