Cette célèbre basse voit le jour à Turin, où il reçoit ses premiers enseignements musicaux. Le maestro le prend parmi ses élèves et le fait progresser.
Felice débute dans sa ville natale en 1797 dans Gli amanti comici de Cimarosa. Sa carrière est lancée : le voici la saison suivante au Teatro Valle de Rome, spécialisé dans l'opera buffa, où il chante Anfossi, Nicolini et Cimarosa (Il Matrimonio segreto) avec notamment la soprano Villeneuve ; représentations historiques, car c'est la première fois que la prima buffa est une femme et non un castrat !
C'est à Palerme qu'on le retrouve en 1800-01, puis à Venise et Padoue alternativement en 1802, créant Pamela de Giuseppe Farinelli avec la soprano Falzi. Pellegrini est ensuite à Naples jusqu'en 1805, puis Rome et surtout Milan jusqu'à l'été 1806. Son répertoire est alors dominé par Cimarosa et Pietro Carlo Guglielmi. Il passe par Florence, Bologne et Vérone avant de retrouver le Teatro dei Fiorentini de Naples en 1808.
Pellegrini reste dès lors extrêmement fidèle à ce théâtre, ne s'en éloignant que rarement (notamment pour Rome en 1811). Avec la basse locale Carlo Casaccia, il est un pilier de l'affiche tout au long de ces années où l'on présente les opéras de Fioravanti, Palma, Mosca, Guglielmi, Generali, etc. en reprenant parfois Cimarosa et Paisiello. Casaccia chante les rôles purement comiques en napolitain tandis que Pellegrini est une basse chantante capable d'agilité parfaitement adaptée au genre semi-semio alors en vogue. Il lui arrive occasionnellement de paraître au San Carlo de Naples, quand les ouvrages sérieux appelle un emploi qui lui convient, par exemple en 1809 (Il Natale d'Alcide avec Sessi et Crivelli), en 1811 ou encore 1817 (Maometto de Winter). Le livret de La Morte d'Adelaide (Fioravanti, 1817, avec le ténor Rubini) indique que Felice est « al servizio della Real cappella Palatina di S.M. » Parmi la myriade d'œuvres bien oubliées créées en ce temps-là, Agnese de Paër connaît un succès particulièrement retentissant et mérité. L'opéra avait en fait été exécuté par des amateurs en privé en 1809, mais c'est Pellegrini qui participe à la première professionnelle en 1812, et fait du rôle d'Uberto un de ses favoris, grâce à une scène de folie frappante qui flatte ses talents dramatiques. Quand Rossini enflamme toute l'Europe, Pellegrini devient évidemment l'un de ses brillants interprètes : il s'illustre dans La Cenerentola, puis La Gazza ladra à Rome où il est présent en 1818-19.
Felice s'installe une première fois à Paris entre 1819 et 1826, puis encore en 1829, après des prestations à Londres et en Italie. On l'applaudit au Théâtre-Italien tout juste rouvert, où il ravit les dilettantes de la capitale pendant de longues années, y débutant justement dans un Agnese revu par le compositeur en personne. Sa partenaire principale est Joséphine Fodor-Mainvielle, qui reprend avec lui La Capricciosa corretta de Soler, et Laure Cinti-Damoreau. Venu à Paris, Rossini retrouve en lui un interprète de talent (notamment de Figaro avec Garcia), qui participe au fastueux Viaggio a Reims du couronnement en 1825. Pellegrini finit par obtenir une charge de professeur de conservatoire, mais commence à perdre la raison en 1832, année de sa mort (un cas de syphilis ?).
Pellegrini laisse plusieurs compositions. À Paris, il enseigne notamment à Prosper Dérivis, pérennisant dans l'école lyrique française la technique italienne. Stendhal, qui l'entend à Naples avec Casaciello, loue son agilité tout en regrettant une relative froideur. |