Palantrotti est l'une des basses les plus remarquables employées dans les premiers opéras, dans les meilleures cours italiennes.
Né à Venafro dans le royaume de Naples, il semble se former à l'église Saint-Louis-des-Français de Rome en 1588-89, avant de servir à la cour de Ferrare entre 1589 et 1597.
Il intègre alors naturellement le collège pontifical, qui attire les plus valeureux vocalistes du pays. Il y abandonne néanmoins son poste à Michele Bonizzi en 1603. Palantrotti fait partie des musiciens du cardinal romain Montalto dès 1600 et sans doute avant cela, et habite le palais de ce notable, qui lui permet de se produire ailleurs, comme pour le vice-roi de Naples en 1603 ou à la cour de Florence.
En 1600, Palantrotti se rend ainsi à la cour florentine qui compte alors les plus brillants chanteurs et musiciens, comme Peri, les Caccini et Francesco Rasi. Il participe à la création de l'Euridice de Peri et d'Il Rapimento di Cefalo de Caccini , servant deux écoles de chant alors en plein émulation. Deux extraits des Nuove Musiche de Caccini reprennent des passages de cet opéra interprétés par cette basse à la voix extrêmement longue et agile (au moins ré1 – fa3), à la manière de Puliaschi ou de Caccini lui-même. En 1608, il retourne à Florence pour des intermèdes festifs (Il Giudizio di Paride). À Rome, il chante aussi dans le premier opéra profane intitulé Amor pudico et donné en l'honneur d'une alliance contractée entre les Peretti, les Borghese et les Médicis en 1614, année de sa mort.
Palantrotti est à l'image de tous les grands chanteurs de son temps : doté d'une voix très longue, il est capable d'improviser de riches ornements qui, dans le style des basses, plongent volontiers très profondément sous la clef de fa : le grave extrême est alors très apprécié. En 1640, Pietro Della Valle l'érige en modèle de basse au chant orné et raffiné, et Vincenzo Giustiniani loue son talent. |