Né à Pupilio en Toscane, Pacini commence à mener des études musicales à Rome puis Naples avec Tritto. On dit qu'il finit par abandonner un cursus scientifique pour embrasser la carrière de chanteur.
C'est en qualité de ténor qu'il se produit d'abord, et débute en Italie dans le courant des années 1790 : il est à l'affiche du Fabbro parigino de Fioravanti en 1791 à Palerme, avec les sopranos Vinci et Delicati. Il épouse une cantatrice qui l'accompagne parfois sur scène, et lui donne un fils nommé Giovanni en 1797.
Entre 1798 et 1801, les Pacini sont invités à Barcelone où Luigi paraît en tant que premier ténor de la troupe et soulève l'enthousiasme local. On l'invite à se produire en privé. Sur scène, il chante abondamment Anfossi, Cimarosa, Trento, Palma, Portogallo, Guglielmi, Gazzaniga, Fioravanti ou encore I Due Sordi de Paër et Axur de Salieri. Pacini incarne aussi Ferrando dans Così fan tutte de Mozart, dans une version sensiblement coupée ; Benedetta Marchetti est sa Fiordiligi.
De retour en Italie, Pacini paraît à Turin et Milan comme ténor serio ou de demi-caractère, là encore avec succès. On l'entend par exemple avec la basse Raffanelli dans Il Matrimonio per raggiro de Cimarosa, ou encore comme primo amoroso de la Gafforini dans Il Sedicente Filosofo de G. Mosca (1801).
Renonçant à un engagement à Livourne en 1805 à cause d'une épidémie de fièvre jaune, il se voit proposer un rôle de basse bouffe au Teatro Carcano de Milan dans Il Bietolino Fiorone d'Orlandi, où il enthousiasme. Dès lors, il ne paraît plus qu'en buffo dans tous les théâtres italiens, célébré pour la finesse de son jeu. En 1809, le vice-roi d'Italie en fait son maître de chant. Il chante à Venise en 1812.
C'est néanmoins à Milan qu'il paraît le plus régulièrement.
Il y chante par exemple Elisa de Mayr (1812), Agnese de Paër (1816) ou Etelinda de Winter (1818). Pacini surfe évidemment sur la vague rossinienne, comme tout le monde, et crée même plusieurs rôles du maestro. Il interprète aussi Taddeo en 1814 et Magnifico en 1823, à Florence, suscitant l'admiration de Rossini en personne. Toujours à Florence, il campe Figaro dans Le Nozze di Figaro de Mozart en 1821. Il aborde aussi Leporello.
Son fils Giovanni propose ses premiers opéras à Milan et Venise, avec succès, et Luigi Pacini participe à ces créations, notamment L'Ingenua (1816) et bien d'autres pages encore. Parmi les compositeurs de la nouvelle génération, la basse interprète aussi Mercadante.
Il chante encore à Vienne en 1827, invité par l'impresario Barbaja, et chante le musique de son fils, qu'il défend âprement contre l'étoile montante Bellini, en 1832. Le Convitato di pietra en question affiche aussi son fils dans le rôle titre ainsi que sa belle-fille : tout le clan Pacini est réuni pour l'occasion, pour une exécution privée !
Pacini achève sa carrière en enseignant le chant à Viareggio. Il fait partie de la génération charnière entre les anciens maîtres classiques et le nouvel iodome préromantique, à l'instar du vieux Raffanelli, dans la meilleure tradition bouffe des Casaccia et Luzio (à Naples), Mandini, Morelli et Brocchi. Sa voix n'est pas des plus remarquables, contraîntement à Filippo Galli ou encore Felice Pellegrini qui démarrent leur carrière une dizaine d'années après lui, mais sa science musicale et la force de ses incarnations font l'unanimité. Ou presque, puisque dans une note envoyée à Paris en 1824 sur 44 artistes italiens, Pierre-Jean Massin-Turina écrit :
méchant acteur qui par ses lazis et ses grimaces s'est fait quelque réputation dans quelques villes d'Italie, mais que je ne croix pas présentable à un auditoire délicat. Il n'a aucune voix. |