Basse vénitienne.
À l'instar du contralto Bovi, spécialisé dans les rôles masculins comiques, Fontana est l'un des piliers des théâtres vénitiens des années 1660 à 1680.
Fontana, surnommé Formenti, est d'abord repéré avec l'immense tragédienne Anna Renzi dans Le Fortune di Rodope e Damira de Ziani en 1657. Il chante ensuite avec le castrat Cavagna dans Antioco de Cavalli au San Cassiano, en 1659. Il retrouve la célèbre Porri dans des opéras de Ziani et autres au SS. Giovanni e Paolo, entre 1661 et 1663. Formenti est présent au San Salvatore dès 1665-66, ou dix années plus tard dans La Divisione del mondo de Legrenzi, avec le castrat Rivani et les basses Fusai et Scandalibene. La basse paraît au San Luca en 1666, prenant part au Seleuco de Sartorio et un nouvel opéra de Cavalli, Pompeo Magno, avec là encore Caterina Porri et la basse Giulio Cesare Donati. On l'entend au S. G. Grisostomo en 1680 avec la Botteghi et De Castris, notamment dans Il Ratto delle Sabine d'Agostini ; en Ugone de Flavio Cubernito de Partenio l'année suivante, avec Scandalibene et de nouveau De Castris en primo uomo ; dans Licinio imperatore de Legrenzi en 1683 avec les castrat Grossi, Ballarini et la Salicola. Fontana se produit aussi ailleurs, par exemple à Mantoue en 1662 dans un opéra intitulé Artabano, et une œuvre de Cavalli à Plaisance en 1669, avec Antonia Coresi.
L'attachement de Fontana aux scènes vénitiennes s'explique facilement : des années durant, il est employé à la chapelle de San Marco comme basse et joueur de théorbe à partir de 1754 environ et au moins jusqu'en à 1714, année où Boschi le remplace et après laquelle le vieux chanteur est en retrait, bien que toujours dans les registres en 1720. Cette fonction qui le rend facilement disponible et bien connu du public. Il est facile de faire appel à lui pour compléter les distributions, parfois dans différents théâtres au cours d'une même saison. Il se produit d'ailleurs régulièrement dans les diverses scuole de la ville, donnant des motets.
Son talent était en outre indéniable, avec une voix longue flattée dans plusieurs passages cantabile dans le rôle de Saturne. Dans son Essai sur la musique, J.-B. de Laborde lui prête une « célébrité particulière ».
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