On connaît peu de choses sur les origines et la formation de cette basse romaine. On le repère une première fois sur scène dans sa ville natale pour la saison 1795-96, où il crée un opéra de jeunesse de Spontini, Li Puntigli delle donne. On perd ensuite sa trace quelques années jusqu'en 1802 où il se présente à Brescia dans Il Podestà di Chioggia d'Orlandi, avec la contralto Gafforini, œuvre reprise ensuite à Turin où Nicola chante aussi des pages de Farinelli, Lavigna, Trento et Fioravanti. Il passe par Venise, puis à la Scala de Milan en 1805, où il côtoie Marchesi, Crivelli et la Banti dans la Lodoiska de Mayr. Jusqu'en 1810, De Grecis s'illustre dans les théâtres de Florence (1805, 1808 et 1809), Bologne (reprises de Cimarosa), Rome (La Guerra aperta de Guglielmi avec Antonio Parlamagni et son épouse), Milan, Padoue et Livourne (Il Maldicente de Pavesi).
De l'automne 1810 au début de 1811, Nicola participe à quantité de productions au San Moisè de Venise, ce qui lui donne l'occasion d'interpréter de nombreuses œuvres, dont un immense succès, Adelina de Generali, ainsi que La Cambiale di matrimonio du jeune Rossini, avec la basse Raffanelli et la charmante soprano Rosa Morandi. Il passe ensuite par Milan et Bergame avant de retrouver Rossini à Venise pour deux pages, dont une reprise de L'Inganno felice. Entre 1812 et 1813, il enchaîne les productions de Turin, Venise et Milan, portant les œuvres de Pucitta, Mosca (I Pretendenti delusi), Generali, Pavesi, Coccia, Mayr et encore Rossini. Les années suivantes, sa carrière gagne Pavie, Vercelli, Trieste et Vérone, où il est Mustafà dans L'Italiana in Algeri. En 1817, De Grecis se trouve à Vienne où il interprète un drame sacré de Zingarelli, La Distruzione di Gerusalemme, avec la Campi, mais reprend aussi Mustafà. L'année suivante, il retrouve Venise au San Benedetto, créant entre autres Il Lupo di Ostenda de Vaccai avec Ester Mombelli. On l'entend à Florence, Turin, Parme, Milan, Padoue, Brescia etc. notamment dans des succès du moment comme Clotilde de Coccia, L'Imboscata de Weigl, La Gazza ladra de Rossini... Nicola demeure à Milan du printemps 1821 à l'automne 1822, chantant pas moins de treize productions, dont la première d'Elisa e Claudio de Mercadante avec la grande basse chantante Lablache et la diva Giorgi-Belloc, ou encore Chiara e Serafina du jeune Donizetti. Après une parenthèse à Pise, la basse retrouve Milan, mais aussi Parme, Turin, Bologne et Modène. Sa dernière apparition connue date de 1826 à Rome, où il interprète un opéra de Vaccai et La Sposa fedele de Pacini.
Nicola De Grecis était un pur chanteur-acteur dans la grande tradition du buffo, capable d'exprimer une large palette de sentiments. On admirait sa justesse, évitant l'outrance coutumière dans ces emplois. De Grecis interpréta surtout la musique de ses contemporains, même s'il reprit inévitablement les succès de Cimarosa et Paisiello (Il Barbiere di Seviglia). Champion de Rossini, il était aussi particulièrement admiré dans l'Adelina de Generali ou encore I Pretendenti delusi de Mosca, où Stendhal le jugeait rien moins que parfait. Ce dernier le mentionne à plusieurs reprises dans ses écrits, de manière flatteuse. Dans une note envoyée à Paris en 1824 sur 44 artistes italiens, Pierre-Jean Massin-Turina écrit : « C'est le premier dans son genre, il a l'avantage de fort bien chanter quoiqu'avec une voix un peu nasillarde. » |