Dans la lignée de Cavana, cette basse de talent s'illustre comme l'un des tous meilleurs dans le genre bouffe.
Les personnages comiques sont encore parfois inclus dans les œuvres sérieuses, comme Arminio d'A. Scarlatti donné à Florence en 1703, avec Nicolini et la Reggiana. Corrado y retrouve sa partenaire d'élection, la contralto Santa Marchesini.
C'est toutefois à Naples qu'on l'entend quasi exclusivement à compter de 1706, d'autant qu'il est membre de la chapelle royale à compter de 1710. Il contribue pleinement à l'émergence du genre comico, pendant plusieurs décennies : il participe à Zenobia de Feo en 1713, Tigrane de Scarlatti deux ans plus tard, et incarne le rôle de Nesso comme intermède au Rinaldo de Haendel présenté en 1718. Toutes ces pages présentent de belles distributions, avec à leur tête la soprano Romanina et Nicolino.
Les années 1720 marquent la montée en puissance d'une génération de compositeurs d'école napolitaine particulièrement doués, qui se frottent tous au genre bouffe local à l'occasion de nombreux intermèdes. Corrado est encore au centre de ces créations avec la Marchesini puis les sopranos Celeste Resse et Laura Monti : il chante Sarro (Dorina e Nibbio, 1724), Hasse (Miride e Damari, 1726), Leo, Feo, Sellitto,Vinci etc. L'un des plus grands succès parmi tous ces intermezzi, encore joué de nos jours, est La Serva padrona de Pergolesi, donnée à l'occasion du Prigionier superbo du même auteur en 1733.

À partir de 1735, Corrado quitte le San Bartolomeo, où il chantait ses intermezzi, et investit le Teatro Nuovo consacré au genre comique, sur des musiques de Latilla, Ciampi, ou Logroscino. En 1737, il crée L'Orazio d'Auletta, souvent attribué à Pergolesi de manière erronée, accompagné de la contralto Maria Antonia Marchesini. L'œuvre marque le développement du genre, avec huit rôles et plus de trente-cinq morceaux, et récolte un succès national. L'année suivante, La Locandiera du même compositeur, sur un livret adapté de Goldoni, est présenté sur les planches du nouveau San Carlo, honneur insigne pour un opera buffa. On y retrouve des étoiles du genre, comme la Colasanti, Laura Monti et bien évidemment Corrado. La basse a également le privilège de remplir de petits rôles sérieux lors du carnaval 1738-39, chantant notamment Ircano dans Semiramide riconosciuta de Porpora, avec la Tesi. Corrado se produit jusqu'en 1744.

Avec un répertoire constitué d'une centaine d'intermèdes, Corrado a vraiment permis au genre comique de gagner ses lettres de noblesse, jusqu'aux scènes royales. Très vite, le genre prend de l'ampleur au point de faire de l'ombre à l'opéra séria.