Fils du célébrissime Antonio et neveu probable du plus âgé encore Giuseppe, Carlo Casaccia s'inscrit dans une glorieuse lignée de chanteurs bouffes napolitains, spécialisés dans l'idiome local. Le genre s'exporte difficilement, mais le sens de la scène et le talent d'interprète de Carlo lui apportent une renommée immense, au-delà des frontières de la cité parthénopéenne.
Sa carrière semble débuter en 1785, alors que son père est toujours en vie et sur scène. Durant les années 1790, Carlo paraît est un pilier du Teatro del Fondo, donnant Gabriele Prota, Paisiello (reprise du Fanatico in Berlino), F. Ruggi, G. Andreozzi (Il disprezzo vinto dal disprezzo en 1795) et naturellement Cimarosa. Au Teatro Nuovo en 1799 et 1800, il crée des opéras légers du jeune Spontini. Étoile des Fiorentini, Carlo chante avec la brillante Orsola Fabrizzi, par exemple dans Li sposi in cimento de Luigi Mosca, en 1800, ou encore G. Farinelli et bien sûr Paisiello (reprise de L'Amor contrastato en 1803). En 1805, il donne par exemple Amor vince tutto de P. C. Guglielmi ; il reprend plusieurs fois le rôle de Giorgio créé par son père dans la Nina de Paisiello. Le chanteur s'y fait également le chantre de divers maîtres plus ou moins modestes, comme Brunetti, Orginato, Dutillieu... En 1813, Casacciello interprète notamment Le miniere di Polonia du compositeur local Silvestro Palma. La basse prête son talent au meilleur compositeur du moment – et le plus fêté – quand il participe à la création de La Gazzetta de Rossini en 1816, avec la basse Pellegrini, partenaire régulier. La même année, le jeune Rubini partage l'affiche avec lui.
En 1823, Casacciello est toujours fidèle au poste, et se produit dans Il Trionfo della giustizia de Carlo Conti, dans une distribution qui compte aussi un ténor nommé Raffaele Casaccia, son fils. La même équipe crée Il Fortunato inganno du jeune Donizetti : le vieux Carlo y campe une basse bouffe à la tête d'une troupe d'opéra... Carlo s'impose ainsi parmi les interprètes fidèles des premières pages du compositeur bergamasque, faisant le lien entre cette nouvelle ère et celle des Cimarosa et Paisiello de ses débuts. Il semble chanter jusqu'à la fin de sa vie.
Dans La vie de Rossini, Stendhal évoque brièvement Casaccia, l'appelant le Brunet de Naples. L'écrivain le décrit comme étant obèse et jouant de sa voix nasale et de son physique pour composer des personnages furieusement comiques dans la tradition du buffo caricato. En 1808, Isouard fait créer à Paris son opéra Cimarosa, où sont également représentés Casacciello et d'autres étoiles des scènes napolitaines (Orsolina est sans doute la Fabrizi ou Orsola Mattei, et Trabulza est la basse Trabalza). Faire l'objet d'un opéra de son vivant : bel exemple de renommée !
Après Raffaele Casaccia, ce sera au tour de Ferdinando de reprendre le flambeau avec panache, après avoir étudié avec son grand-père Carlo. La tradition du buffo napoletano des Casaccia, Parlamagni, Trabalza et Luzio a ainsi connu de beaux prolongements.
|