Aussi [Anton Francesco] Doté d'une voix de basse proprement exceptionnelle, d'une étendue spectaculaire, Carli nous est surtout connu aujourd'hui pour ses prestations vénitiennes.
On le repère néanmoins à Turin en 1702, avec le castrat Albarelli et la Tilla.
Pilier du prestigieux San Giovanni Grisostomo, Carli y interprète d'innombrables rôles.
Il chante avec les titres successifs de Virtuoso di Sua Altezza Reale di Fiorenza en 1705, incarnant Flavio Bertarido re de' Longobardi de Polarollo, Virtuoso del Sereniss. Gran Principe di Toscana dans les œuvres de Lotti, Virtuoso della Serenissima Gran Principessa Violante di Toscana lorsqu'il incarne la première version de l'Orlando furioso de Vivaldi en 1714, autant d'appelations attestant de son rattachement à la cour florentine. Il met sa voix et son charisme au service de Chelleri, Pietragrua, Mancia, Gasparini, Albinoni, Caldara, Lotti, Predieri, A. Bononcini, Ristori... En 1723, il est toujours actif et chante dans le Mitridate de Capelli. À chaque occasion, il partage la scène avec la fine fleur des chanteurs de l'époque, dont Matteuccio, Maria Diamante Scarabelli, Bernacchi, Durastanti, Nicolino...
On constate que la basse y joue souvent le rôle titre qui, pour ne pas être forcément le premier rôle, exige une personnalité marquante : souverain, tyran, héros viril etc. Il est même deux fois Roland pour Vivaldi, et Artabano dans l'Arsace de Salvi mis en musique par M. A. Gasparini, préfigurant la figure de Métastase.
Il ne se produit cependant pas que dans la Sérénissime, et incarne Bajazet dans Il trace in catena de F. Gasparini à Rome, en 1717. Carli y chante également dans un Pirro anonyme. Il côtoie aussi la Cuzzoni en pleine ascension, à Florence, en 1719.
C'est cependant à Venise qu'Haendel écrit pour lui le difficile rôle de Claudio dans son Agrippina : sous les traits de l'empereur, Carli déploie sa voix jusqu'au ré1, et exprime sa puissance en de périlleux intervalles.
Les opéras de Vivaldi mettent en relief les qualités de l'acteur, avec de longs récitatifs accompagnés, dont la fameuse scène de folie d'Orlando, ensuite adapté pour le contralto d'airain de Lucia Lancetti.
On suppose que Carli pourrait avoir été l'inspirateur de la cantate Nell' africane selve, qui requiert des notes abyssales dans une tessiture formidable ; mais la cantate a peut-être été composée précédemment pour Naples et la basse Manna, aux aptitudes similaires. De même, il était peut-être le fleuve parisien dans la serenata de Vivaldi La Senna festeggiante donnée à Venise dans les années 1720.
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