Cette basse est une figure importante de l'opéra baroque dans le dernier quart du XVIIe siècle, quand l'opera seria prend forme progressivement, avec pour constante la présence d'un couple comique. Les personnages masculins comiques n'étaient pas forcément des basses, en fait souvent des contraltos (comme Tommaso Bovi), mais c'est avec le talent de Benigni puis Cavanna, par exemple, que cette tessiture s'est imposée dans ces emplois dès l'orée du XVIIIe siècle.
Pietro Paolo est indiqué sur un livret milanais de 1660, dans Le Fortune di Rodope e Damira de Ziani, avec la basse Canner. Il fait partie de la troupe du S. Moisè de Venise en 1666 et interprète Alessandro amante de Boretti avec Margherita Pia. Abonné aux personnages comiques aux noms brefs comme (souvent repris dans divers opéras !) Gilbo, Zelto, Leno ou Bleso, Benigni chante essentiellement et très régulièrement à Milan, Plaisance et Parme, où il est employé, entre 1670 et 1700, interprétant Agostini et P. A. Ziani (Ippolita, regina delle Amazzoni, 1670 avec la Botteghi), Legrenzi, Perti, Policci, Magni, Pollarolo, M. A. Ziani, Carlo Pallavicino, Bononcini, A. Scarlatti (L'Eraclea en 1700 avec la Vanini et la Salicola) et surtout Sabadini (Zenone il tiranno en 1687, Talestri innamorata en 1690)... Il voit ainsi se succéder divers excellents chanteurs ; à la cour de Parme, il s'agit notamment des castrats Ascanio Belli, Pistocchi, Speroncino et Gherardini, du ténor Scaccia ou encore des basses Clerici et Mozzi. En 1690, les noces princières sont l'occasion de fastueux spectacles, dont Il Favore degli Dei de Sabadini. Tous les meilleurs chanteurs du temps s'y produisent, dont la soprano Musi, la contralto Riccioni, le castrat Siface...
Pietro Paolo se produit aussi à Modène en 1688 (Flavio Cubernito de D. Gabrielli avec le couple Cottini) et Gênes (1689-90) notamment dans Antioco d'Aldrovandini avec le castrat Speroni et les divas Torri et Lisi. Il y retrouve aussi son principal partenaire dans les scènes comiques qui ponctuent ces opéras sérieux, le ténor Antonio Predieri, spécialisé dans les travestissements en duègne lubrique, et également employé à Parme. Les complices sont par exemple encore réunis à Rome en 1696, dans Il Re infante de Perti. En 1702, Benigni est encore à l'affiche du Trionfo di Camilla avec le primo uomo Cortona et la Tilla. Sa longue et brillante carrière doit prendre fin peu de temps après.
Un chanteur du même nom et surnommé Il Parmegianino mène une carrière en Italie et en Russie à partir de 1790.
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