Fils du cantor et organiste Johann Philipp Bendeler, Salomon voit le jour à Quedlinburg, en Allemagne. Déjà enfant, sa voix d'alto semble d'une ampleur et d'une étendue inhabituelle dans le grave ! À dix-huit ans à peine, Bendeler atteint l'ut1, et conquerra même le si inférieur ! Son père entame son éducation musicale, et le jeune homme révèle rapidement une belle voix de basse. Il souhaite se rendre en Italie pour parfaire sa technique, et les engagements s'enchaînent sur la route. Dans la Péninsule, ses dons exceptionnels suscitent admiration et envie : il serait même contraint de fuir certains jalousies ! Sa puissance est particulièrement étonnante. À Milan, il soutient son fameux si grave en couvrant quatre trombones. Pour autant, son chant auparavant un peu brutal s'enrichit de nuances bienvenues.
Fuyant l'Italie, en 1704 Bendeler séjourne brièvement à Francfort et se produit aussi à Leipzig en Jupiter dans Andromaca, Céphée dans Perseus und Andromeda et le rôle titre de Der lachende Democritus de Telemann. Il se rend à Londres où sa puissance et ses graves stupéfient dans la cathédrale Saint-Paul. On lui fait un pont d'or, mais Bendeler retourne en Allemagne en 1706. Il y paraît à notamment à Weissenfeld en 1708. En 1710, il est appelé par le duc de Brunswick et entre au service de la cour ; il y restera toute sa vie. Dès 1710-11, il est toutefois engagé à l'opéra de Hambourg, avec les sœurs Döbricht. Sa participation est attestée dans Henrico IV de Mattheson, et Uffenbach, observateur de Leipzig qui l'entend au Gänsemarkt, note les progrès accomplis depuis ses débuts et rapporte :
Bendler, le plus distingué, s'est beaucoup amélioré depuis que je l'ai entendu si souvent à Leipzig et ne chante plus aussi brutalement ; au contraire, il nuance sa voix, qui a gagné beaucoup de bonnes manières.
En 1712 cependant, Bendeler est à Londres, invité par Haendel. La basse reprend Argante dans Rinaldo, chante dans Ambleto largement inspiré de F. Gasparini, et malgré le succès retourne en Allemagne.
Bendeler se produit jusqu'à Gdansk en concert. À propos de cette prestation, Fétis rapporte une anecdote fantaisiste : Bendeler commence à jouer de l'orgue dans une église de la ville, et fait soudain entendre sa voix éclatante, d'une force à faire trembler les murs. De surprise, une femme enceinte accouche soudain d'un fils, et son mari, notable de la ville, se trouve guéri de la goutte instantanément, frappé par l'émotion... Le chanteur, responsable du double miracle, est invité au baptême et se voit gratifié d'une généreuse récompense !
L'histoire est certainement amplement déformée, mais contribue à la célébrité du chanteur.
Bendeler, voix phénoménale, était grand amateur de voyage et de chasse. Le duc de Brunswick le portait en très haute estime. Les distributions étant rarement indiquées dans les livrets des théâtres allemands de Leipzig, Brunswick ou encore Hambourg, et les basses omniprésentes, il est difficile de savoir ce qu'il y a chanté, mais il est encore identifiable dans Lucio Papirio dittatore de Caldara à Brunswick en 1721, avec Schürman, Campioli et le jeune Hasse comme ténor. Certaines sources datent sa mort en 1724, dans cette même ville. |