Francesco Baglioni est une basse bouffe d’un grand renom. Dans sa Rome natale, il permet à l’opera buffa de prendre racine en servant brillamment les œuvres de Latilla et Rinaldo di Capua.
Latilla donne Gismondo à Naples en 1737, et cet opera buffa développé pour l’époque est donné l’année d’après à Rome, dans une version adaptée en toscan titrée La Finta Cameriera. Le succès est immense, notamment grâce à la présence de Francesco Baglioni dans le rôle de Don Calascione. C’est donc titrée Don Calascione que l’œuvre circule dès lors dans toute l’Italie. En 1743, c’est à Venise qu’on donne l’opera, et Zanetti se fait l’écho du succès obtenu, soulignant la fraîcheur de la distribution, tout en précisant que « le chanteur qui interprète Don Calascione fait exploser de rire le public » ; il s’agit là encore de Baglioni.
Venise est une autre ville dans laquelle Baglioni joue un rôle important dans le développement de l’opera buffa notamment sur des livrets de Goldoni, avec l’autre grande basse Carattoli, d'autant qu'il exerce également des activités d'imprésario à partir de 1744. En 1749, les artistes donnent L’Arcadia in Brenta, et Arcifanfano, rè de’ matti, musiques de Galuppi. En 1754, Baglioni crée Il Filosofo di campagna, toujours de Galuppi, accompagné de ses filles Giovannina et Clementina. C’est avec sa famille – ses filles Costanza et Rosa sont également cantatrices, ainsi que deux ou trois autres encore, et un fils : au moins sept enfants chanteurs d’opéra ! – que la basse se produit alors le plus souvent. Dans les années 1760, Vittorio Alfieri se rappelle d’un opéra « chanté par les meilleurs buffi d’Italie : Carattoli, Baglioni et ses filles ».
Ils se rendent ensemble à Londres, où ils redonnent notamment Il Filosofo di campagna. Mais trois de ses filles finissent à Vienne au tournant de 1770, où Francesco ne chantera jamais : il prend sa retraite en 1762.
Les opéras composés pour lui exigent une tessiture allant du sib1 au fa3, et un chant essentiellement syllabique. |