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Angela VOGLIA

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dite La Giorgina

Aussi [Angelica] [Georgina]

Cette cantatrice romaine est de ces scandaleuses qui émaillent l'histoire des divas. Son ascendant vocal s'ajoutait à un charme physique indéniable.
En 1686, elle donne une serenata dans un palais romain, sans doute Il Tebro e la gloria. La reine Christine continue de soutenir la cantatrice et dans une page donnée en l'honneur de l'ambassadeur de France, en 1688, Angela et Maria obtiennent un beau succès. Présentée au duc de Mantoue comme l'une des merveilles de Rome, elle charme complètement ce dernier, qui répond au pape Innocent XI que c'est elle qui lui a le plus plu dans la cité. Le pape en fureur exige l'exil de toutes les cantatrices, ou leur emprisonnement dans un couvent : Christine de Suède, installée à Rome, fait d'Angela sa favorite pour la protéger.
La Voglia séduit également l'ambassadeur d'Espagne à Rome, qui se dispute la protection de la cantatrice à la mort de la reine de Suède, en 1689. Elle chante par exemple chez lui en concert avec Corelli et le célèbre ténor Silvio Garghetti en 1693, pour la princesse de Vaudémont.
Nommé duc de Medinaceli, ce protecteur l'emmène chez lui à Naples en 1696, faisant grand scandale. En effet, Medinaceli n'est rien moins que le vice-roi de Naples, et attache Angela au service de son épouse. La Giorgina, que les chroniqueur désignent ironiquement « la seconda illustrissima viceregina » est accompagnée de sa sœur Barbara et de celui qu'elle désigne comme son père adoptif, prénommé Giorgi, et dont elle tire son surnom. Son influence dans le royaume de Naples est aussi forte que critiquée, et le vice-roi est renversé en 1701, en raison de son mauvais gouvernement. Durant cet intervalle, néanmoins, Giorgina ne renonce pas à ses activités musicales. Elle paraît en concert au Pausilippe. Alessandro Scarlatti s'attire les bonnes grâces de la soprano en lui dédicaçant ses motetti sacri. Dès son arrivée, le vice-roi assure au San Bartolomeo les moyens d'engager de très brillants chanteurs pour y monter de somptueuses productions, et on y entend la Tarquini, la Mignatta, le ténor Scaccia, le castrat Cecchi, mais pas Angela Voglia, cantonnée aux salons. La mauvaise réputation des sœurs Voglia n'empêche pas Barbara de se marier, grâce au soutien du souverain, en 1698. La même année, Angela se produit dans une grande fête donnée pour l'anniversaire de la vice-reine, et Conforto rapporte qu'elle y donne deux airs « con angelica voce e maestria ». Benedetto Croce, dans ses chroniques, narre d'autres anecdotes autour des Voglia et du duc. En outre, le livret de La Caduta de' Decemviri de Stampiglia, mis en musique par Scarlatti en 1697, semble illustrer de façon édifiante les turpitudes du vice-roi et de son épouse avec la Voglia.
La Giorgina accompagne le vice-roi rappelé en Espagne en 1701. Elle est emprisonnée en 1711 et exilée trois ans plus tard, pour des motifs mal cernés. On ne sait où elle finit ses jours, peut-être à Rome.

Il convient de ne pas la confondre avec Giorgina Cesi, active à Rome avant la Voglia et interprète fameuse de Stradella.