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Marianna SESSI

1776 – 1847

Aussi [Marianne] [Natorp-Sessi]

C'est à Rome que Marianna Sessi voit le jour en 1775 ou 1776. Ses deux parents sont chanteurs, et son père prend soin de lui donner une éducation musicale, comme il le fera pour ses petites sœurs.
À quinze ans, en 1791, Marianna débute à Florence, seconda donna derrière Anna Davia, dans Pirro de Paisiello et Teseo a Stige de Nasolini. L'année suivante, la voici à Venise. Elle commence au San Benedetto, déjà comme première chanteuse, dans Pirro avec Giacomo David, dont c'est le rôle fétiche, puis Il sacrifizio di Creta de Winter. Mais l'événement majeur a lieu en mai : accompagnant David, Pacchierotti et Banti, Marianna Sessi participe à l'inauguration de la Fenice de Venise, avec I Giuochi di Agrigento de Paisiello. Après quelques productions à Udine, elle revient prolonger son succès à la Fenice, dans des opéras de Giordani et Bianchi.

En 1794 Marianna débarque à Vienne où elle remporte un succès retentissant, après des débuts dans Medonte de Sarti. Elle crée notamment Palmira, regina di Persia de Salieri. En 1795, Marianne épouse Franz Joseph Nartop : ce mariage entraîne son retrait des scènes après d'ultimes apparitions en 1796... avant que la diva, motivée par un mariage qui bat de l'aile ou des difficultés financières, ne revienne neuf ans plus tard sous les feux de la rampe ! Elle semble d'ailleurs se séparer de son époux en 1805.
Le succès est de nouveau au rendez-vous, là encore à Vienne. Elle reprend Aspasia d'Axur, un de ses rôles sfétiches et un immense succès européen. Le correspondant viennois de l'Allgemeine musikalische Zeitung relate :
Ce n'est qu'au troisième acte que Mad. Sessi a pu maîtriser ses tremblements excessifs, manifestes ce soir-là ; une fois revenue à elle-même, elle commença à chanter si excellemment qu'elle dépassa toutes les attentes. Avant peu, elle devrait chanter comme la Mara à son meilleur. À 12 ans déjà, on appréciait son chant naturel et charmant. Il est vrai que durant son long éloignement des théâtres, sa voix a perdu un peu de sa flexibilité, mais elle a en revanche considérablement gagné en plénitude, pureté et diction.
Voilà la Sessi rappelée sur les plus grandes scènes italiennes : après Livourne, on l'entend à la Scala, par exemple dans Idomeneo de Federici pour le carnaval 1805-06.

La même année, elle a suffisamment de cran pour succéder à la Catalani à Lisbonne : elle chante I Riti d'Efeso de Portogallo, ou encore Pirro de Zingarelli, avec le ténor Mombelli. En 1807, elle est toutefois de retour en Italie, à Livourne, où elle interprète des opéras de Portogallo accompagnée de sa sœur, qui tient les rôles féminins alors que Marianna chante les rôles masculins. En effet, les castrats disparaissent de la scène et les femmes endossent de plus en plus souvent les rôles de jeunes premiers : à Rome, Marianna est Lamberto dans Baldovino de Zingarelli en 1811, et elle reprend le rôle de Romeo dans le Giulietta e Romeo du même compositeur sur plusieurs scènes dont Naples, Florence et même Paris en 1816 face à la Pasta. Il lui arrive également de se produire avec les derniers castrats de renom, comme Pietro Mattucci dans la Cleopatra de Weigl à Milan, en 1812. Entre 1808 et 1810, Sessi est à Naples, et y donne notamment Sesto dans La Clemenza di Tito de Mozart, ainsi que Gnecco, Pavesi, etc. Son chant n'est pas du goût de tout le monde, et l'Allgemeine musikalische Zeitung écrit à propos de ses prestations florentines de 1808 :
On attendait beaucoup de Mad. Sessi, mais les attentes n'ont pas été satisfaites. [...] Elle possède une flexibilité exceptionnelle et une large étendue vocale (près de trois octaves pleines), mais sa voix est très inégale et aucun son ne parle au cœur. En Italie, comme partout ailleurs, ce genre d'artiste ne survit pas aux écoutes répétées et n'obtient du succès dans un même lieu que le temps de la stupéfaction initiale du public.

Marianna Sessi jouit pourtant encore d'une réputation internationale : elle est invitée au théâtre italien de Paris en 1812-13, où elle chante les classiques de Zingarelli et Cimarosa avec Crivelli, ainsi qu'Axur de Salieri. C'est ensuite à Londres qu'elle brille, de 1811 à 1816, tant à l'opéra qu'en concert. On l'entend en Britannia dans la cantate de Liverati Il Trionfo di Cesare sopra i Galli. Tout en continuant de chanter en Italie, Marianna Sessi part en tournée en Allemagne, et même jusqu'à Riga (1827), Stockholm pour le couronnement du roi de Suède (et au théâtre dans Pimmalione de Cimador) et Copenhague. La Revue de Paris rend compte d'un concert berlinois en 1827 :
Mme Marianne Sessi est arrivée dans cette ville ; elle a donné un concert auquel ont assisté le roi et toute la cour. On n'avait pas entendu Mme Sessi à Berlin depuis 1817 : on a trouvé que les outrages faits à sa voix par l'âge étaient un peu sensibles, mais qu'elle n'avait rien perdu de sa belle méthode italienne et de la chaleur qui caractérisait son exécution.

Marianna Sessi
La version ornée dans le suraigu (mi5) du Roméo de Zingarelli par la Sessi à Naples

Malgré la longévité remarquable de ses moyens, caractérisés par une déclamation puissante et expressive doublée d'une vocalisation irréprochable sur une longue étendue, avec en particulier un aigu au métal percutant, Marianna Sessi prend sa retraite en 1836 : c'est à Vienne qu'elle termine ses jours.
Ses cadettes sont également cantatrices : les carrières de Vittoria et de Carolina demeurent modestes, mais celles d'Anna Maria et d'Imperatrice (morte trop tôt en 1808) sont plutôt brillantes.

I Giuochi di Agrigento Egesta G. Paisiello 1792 Venise
  M. Lanfranchi, Slovak Chamber Orchestra dir. G. B. Rigon – CD Dynamic, 2008
Palmira, regina di Persia Palmira A. Salieri 1795 Vienne
> airs Misera, abbandonata *
Contro un'alma sventurata
C. Bartoli, Orchestra of the Age of Enlightment dir. A. Fischer – CD Decca
Gioas, re di Giuda Sebia C. Cartellieri 1795 Vienne
  G. Hoppe, Detmolder Kammerorchester dir. G. Schmalfuss – CD MG&G, 1997
La Clemenza di Tito Sesto Mozart et al. 1804 Vienne
  K. Aldrich, Academia montis regalis dir. A. De Marchi – CD CPO 2016