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Giovanni MANZUOLI

ca 1720 – 1782

dit Succianoccioli

Aussi [Manzoli]

C'est à Florence que ce très célèbre castrat voit le jour. On l'y entend dès 1731 dans des œuvres comiques, et, quatre ans plus tard, Manzuoli prête sa jeune de voix de soprano agile à Vivaldi : il brille à Venise dans le pasticcio Bajazet, avec la Girò et Pietro Morigi. Ces débuts dans le grand genre lui assurent un beau succès.
Giovanni ManzuoliLa suite décisive de sa carrière a lieu à Naples, où il se fixe jusqu'en 1748 : il a ainsi l'occasion de participer à l'inauguration du San Carlo avec Achille in Sciro de Sarro dans lequel s'illustre la fine fleur des chanteurs du moment, dont la Tesi, la Peruzzi et Amorevoli. Il interprète nombre d'opéras de Hasse et Leo, accédant progressivement au statut de secondo uomo face à des légendes comme Caffarelli ou Monticelli. Dans son répertoire figurent aussi Manna, De Majo ou Jommelli (dont Artemisia en 1747). En 1748, il interprète Merope de Cocchi avec Gizziello, et l'année suivante chante Scitalce dans Semiramide riconosciuta de Galuppi à la Scala avant de partir pour Madrid.

L'invitation émane de Farinelli, qui sait recruter les meilleurs chanteurs pour le Buen retiro madrilène. Manzuoli sera enfin adoubé primo uomo jusqu'en 1752, s'illustrant aux côtés d'Anna Peruzzi et de Teresa Castellini. Il participe notamment au Demofoonte de Galuppi en 1749, et à La Festa cinese de Conforto en 1751. Après une dizaine de productions et quelques démonstrations d'arrogance, il semble que Manzuoli quitte l'Espagne assez soudainement.
Revenu en Italie, il repasse par Naples, retrouvant les rôles mineurs, puis chante au premier plan à Rome (Sofonisba de Galuppi). Le castrat retourne se produire entre Madrid et Lisbonne entre 1753 et 1755, avec une incursion à Parme en 1754 : à Lisbonne, il chante les opéras de Perez en tant que primo uomo.

Naples reconnaît enfin en lui un chanteur d'exception en 1755 alors qu'il est enfin en tête de distribution dans les œuvres de Piazza, Cafaro, Pescetti et Conforto. Pendant près de dix ans, Manzuoli s'impose sur les meilleures scènes un peu partout en Italie, comme Reggio Emilia (La Clemenza di Tito de Ciampi, 1759), ou encore Bologne pour l'inauguration du Teatro communale en 1763 avec Il Trionfo di Clelia de Gluck, accompagné de la Girelli et du ténor Tibaldi. Il est aussi à Turin, mais c'est toujours à Naples qu'il se produit le plus, même s'il demeure encore abonné aux seconds voire troisièmes rôles.
Ces prestations sont émaillées d'engagements européens : Manzuoli chante à Vienne en 1760-61 et partage la vedette avec la Gabrielli dans Alcide al bivio de Hasse, Tetide de Gluck et Armida de Traetta. On l'entend aussi à Londres en 1764-65, occasion pour lui de fréquenter les Mozart et de créer Adriano in Siria de J. C. Bach, un pasticcio sur Ezio ou encore L'Olimpiade de Arne. Son succès à Vienne comme à Londres est absolument prodigieux, comme le rapportent respectivement Metastasio et Burney.

De retour en Italie, Manzuoli se produit à Turin, Trévise, Venise (Solimano de Sciroli au San Cassiano), Florence, Naples et Milan. À la Scala, il chante notamment Scipione nelle Spagne de Bertoni (1768) et en 1771, participe aux deux œuvres données pour les noces de l'archiduc Ferdinand de Habsbourg avec Marie Béatrice d'Este : Ascanio in Alba de Mozart et Il Ruggiero de Hasse. Sa voix est alors celle d'un contralto puissant et expressif, encore capable de souplesse : le public fait bisser l'un de ses airs en Ascanio. Sa carrière ne s'arrête pas là : il chante régulièrement à Florence et Livourne. Dans sa ville natale où il est retiré et chante comme virtuose du grand duc de Toscane à partir de 1767, il participe à des oratorios comme Salomone esaltato al trono de Zanetti en 1775, sans délaisser entièrement l'opéra puisqu'il incarne encore Emone dans Antigona de Traetta en 1779. En 1778, un castrat napolitain dénommé Mantioli ou Mancioli se produit en concert à Stockholm : c'est probablement notre vieux chanteur.
Parmi ses élèves, on compte le soprano Michele Neri ou le contralto Angelo Monnani, tous deux chanteurs fort corrects, et surnommées Manzuolino ou Manzuoletto en honneur de leur maître.

Burney se montre très élogieux envers Manzuoli, et écrit :
Manzuoli possédait la voix de soprano la plus puissante et volumineuse entendue sur notre scène [londonienne] depuis l'époque de Farinelli ; son style de chant était somptueux et empreint de dignité. Il était applaudi dans un tonnerre d'acclamations.
Doté d'un talent extrême, comment expliquer qu'il soit ainsi resté en retrait dans bon nombre de distributions napolitaines, y compris lorsque l'ombre de Caffarelli ne masquait tous les autres ? Peut-être était-il piètre acteur, même si certains témoignages le réfutent. Sarah Goudar, certes rarement objective, écrit tout de même en 1771 :
Manzoli chanta beaucoup et seulement des notes. Après trente ans de théâtre, il n'a laissé qu'un vague souvenir des sons qu'il a proférés.
Manzuoli mena toutefois une carrière des plus brillantes et fut reconnu comme l'un des meilleurs interprètes de son temps. Soprano à l'agilité étourdissante et au contre-ut facile à ses débuts, il évolue peu à peu vers un tessiture plus centrale quoi que fort étendue, avant de chanter franchement comme contralto. Quoi qu'il en soit, la finesse de son chant et la largeur de sa palette vocale et expressive ressortent clairement des partitions destinées à sa voix.

Demetrio [1] Olinto L. Leo 1732 Naples
> air Freme orgogliosa D. Hansen, Academia montis regalis dir. A. De Marchi – Rivals, CD Deutsche Harmonia Mundi 2013
Il Tamerlano [Bajazet] Idaspe A. Vivaldi et al. 1735 Vérone
  Enregistrement au choix
Achille in Sciro Arcade D. Sarro 1737 Naples
  D. Carlucci, Orchestra Internazionale d'Italia dir. F. M. Sardelli – CD Dynamic
Sans récitatifs, quelques coupes : F. Lombardi Mazzulli, orchestre du San Carlo dir. A. De Marchi – retransmission de concert, Naples 2016
L'Olimpiade Alcandro L. Leo 1737 Naples
  Sans récitatifs, version abrégée : R. Milanesi, orchestre du San Carlo dir. G. Marcianò – retransmission de concert, Naples 2017
Vologeso Berenice R. DiCapua 1739 Rome
> air Nell'orror di notte oscura B. de Sà, Il Pomo d’oro dir. F. Corti – Roma Travestita, CD Erato 2022
Il Trionfo di Camilla Mezio N. Porpora 1740 Rome
> air Scuote la quercia annosa J. Lezhneva, {Oh!} Orkiestra Historyczna dir. M. Pastuszka – retransmission de concert Bayreuth 2022
La Festa cinese Silango N. Conforto 1751 Madrid
  L. Cirillo, Europa galante dir. F. Biondi – retransmission de concert, Montpellier, 2005
Alcide al bivio Alcide J.A. Hasse 1760 Vienne
  A. Raunig, La Stagione Frankfurt dir. M. Schneider – retransmission de concert, festival de Halle 1998
Armida Rinaldo T. Traetta 1761 Vienne


> rec. et air Di quest'aura
M. Comparato, orchestra internazionale d’Italia dir. D. Fasolis – retransmission de représentations, Martina Franca 2014
A. Bonitatibus, Cosarara dir. G. Camerlengo – The Enchanted Forest, CD EAC LOG
Semiramide riconosciuta (3) Scitalce G.B. Lampugnani 1762 Milan
> duetto Crudel morir mi vedi L. Zazzo, Lautten Compagney dir. W. Katschner – Baroque gender stories, CD DHM 2019
Il Trionfo di Clelia Orazio C.W. Gluck 1763 Bologne
  M.E. Nesi, Armonia Atena dir. G. S. De Risio – CD MDG 2012
Ezio Ezio J.C. Bach et al. 1764 Londres
> air Caro mio bene, addio M. Grimson, The Mozartists dir. I. Page – Mozart in London, CD Signum classics 2018
Adriano in Siria Farnaspe J.C. Bach 1765 Londres


> air Cara la dolce fiamma
A. Murray, ORF-Symphonieorchester dir. Sir C. Mackerras – retransmission de concert, Vienne, 1988
Enregistrement au choix
Solimano Selimo D. Perez et al. 1765 Londres
> air Se non ti moro a lato M. Grimson, The Mozartists dir. I. Page – Mozart in London, CD Signum classics 2018
Ascanio in Alba Ascanio W. A. Mozart 1771 Milan
  Enregistrement au choix
Il Ruggiero Ruggiero J.A. Hasse 1771 Milan


> air Di quello ch'io provo
G. Belfiori Doro, ensemble Musica Rara dir. A. Bosman – CD Musicarara 2000
V. Sabadus, Concerto Köln – Caro gemello, CD Presto classical 2018