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Giovanni Antonio CAVAGNA

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dit Cavagnino

Cavagna est originaire de Savelli, en Calabre.

L'illustre castrat se produit régulièrement à Venise, probablement à compter de la Statira de Cavalli en 1656. Il reste fidèle à l'impresario Marco Faustini les deux saisons suivantes et continue de chanter dans la Sérénissime (par exemple Antioco de Cavalli en 1659), avant d'accepter un engagement à Turin.

Cavagna est au service de la cour turinoise jusqu'à la fin des années 1660, où il participe à plusieurs ballets (comme La Gloria delle corone delle margherite pour les noces du duc de Farnese). Son employeur le duc de Savoie lui rappelle durement ses obligations et le décourage de changer de protecteur en lui promettant :
l'effet de Notre juste indignation [...] Les princes comme Nous ont le bras long.
Le chanteur donne déjà la preuve de son tempérament bouillant, et se plaint de tout le monde auprès du duc, notamment d'un des frères Lesma (sans doute la basse Angelo Maria) qui s'arroge le rôle principal dans un Annibale donné à Milan en 1666.

Après ces années à Turin, Cavagna retourne sur les planches vénitiennes : il crée le rôle titre de Tito de Cesti en 1666, et doit chanter Eliogabalo de Cavalli l'année suivante (probablement le rôle titre ou Alessandro), représentation qui n'aura jamais lieu pour d'obscures raisons – on évoque parfois la licence du sujet.

Il Tito CestiCertaines lettres échangées entre le castrat et l'impresario vénitien Marco Faustini témoignent des usages de l'époque, et du caractère intransigeant du castrat, d'autant plus enclin à formuler des commentaires sur ses collègues qu'il agit en qualité d'agent pour Faustini. Il écrit ainsi pour la saison de 1665-66 :
J'ai l'intention de chanter avec des instruments accordés selon le diapason de Rome, contrairement à ce qui s'est passé dans Statira [de Cavalli], Teseo [de Ziani] et d'autres opéras, car il est meilleur pour ma voix ; et je vous le dis dès à présent pour que personne ne vienne ensuite s'en plaindre.
Il déplore la faiblesse de son cachet pourtant en pleine escalade sur le marché vénitien, alors que les traitements des chanteurs ont quasiment doublé en dix ans, entre 1656 (Cavagna touchait 361 ducats) et 1668 (il touche alors 677 ducats) !
En outre, Antonio précise à propos de son rôle dans Alciade en 1667 :
Seuls deux détails m'inquiètent : d'abord, je dois chanter grimé en Maure, ce que je ne fais plus et que je n'avais pas saisi avant de lire le troisième acte ; ensuite, le fait que je doive chanter entouré de deux anges, Signora Antonia [Coresi] et Signora Giulia [Masotti]. La canzonetta que vous m'avez envoyée, pardonnez-moi, mais qui l'a écrite ? Elle est pour contralto, non pour soprano, et très différente du style du Signor Ziani, aussi me contenterai-je de chanter le duo, et Signora Giulia chantera son air seule.

Il faut dire que la présence de ces deux rivales extrêmement réputées ne pouvait que porter ombrage au castrat. Malgré tout, la collaboration entre Faustini et Cavagna est extrêmement régulière, et l'impresario héberge et aide le castrat à régler ses problèmes juridiques ou financiers des années 1660 à 1670. Cavagna finit pas quitter le duc de Savoie et paraît à Rome au service des Colonna, dans le palais desquels il réside plusieurs années dans les années 1670.

On loue tant la douceur de sa voix que l'élégance de son jeu. Son registre serait sans doute aujourd'hui celui d'un mezzo-soprano, comme beaucoup de sopranos de l'époque. En 1667, Cazzatti dédie un de ses motets à Cavagna (Nihil est ò Mortales).

La Statira ? F. Cavalli 1655 Venise
  La Cappella della pietà dei turchini dir. A. Florio – CD Naïve
Il Tito Tito A. Cesti 1666 Venise


> air Che mi consigli amor
G. Banditelli, Il Complesso barocco dir. A. Curtis – Captation de représentations, Innsbruck 1983
R. Jacobs, basse continue – captation de concert à Innsbruck, 1980
Eliogabalo Eliogabalo ? F. Cavalli (1667) Venise
  Enregistrement au choix