Difficile de situer les origines de cette basse de renom, parfois sitées à Florence, Sienne ou Rome.
Une chose est certaine : Mozzi est une des basses les plus demandées dans les rôles sérieux. On le repère d'abord à Milan en 1686-87, d'abord dans Antonino e Pompeiano de Sartorio avec les valeureux ténors Buzzoleni et Predieri ainsi que le castrat Ballarini. L'année 1690, la basse est très occupée à Parme, brillant dans les somptueux spectacles de Tosi et Sabadini donnés pour les noces princières avec la crème des chanteurs italiens, Gênes (Massimo Puppieno de Perti) et Venise. Puis il est à Plaisance, Ferrare, Modène jusqu'à Bologne en 1695, notamment dans Alba soggiogata da Romani, où le livret indique qu'il est au service de la cour de Mantoue. Sa collègue mantovane Garofalini fait également partie de l'affiche ainsi que le jeune castrat Archi. Sa carrière se poursuit les années suivantes à Turin et Milan (Ariovisto de Perti et Magni avec la contralto Riccioni et la Diamantina), avant explicitement des productions à Mantoue en 1699-1700 (dont Il Trionfo di Camilla – sans doute Bononcini — avec la Landini, la Lisi et Livia Nannini). Après Modène (La Ninfa bizzarra de M.A. Ziani avec les contraltos Cenacchi et Anna Marchesini), Pise et Florence l'année suivante, c'est le prestigieux San Giov. Grisostomo de Venise qui l'accueille en 1703 dans Venceslao de Pollarolo avec Nicolini, De Grandis et la Diamantina ; il est à Gênes dans Arminio de Caldara en 1705, avec Santa Stella et Albarelli.
En 1707, Mozzi pousse sa carrière jusqu'à Palerme, puis Naples en 1707-08 (rôle titre d'Etearco de G. Bononcini avec la Salvagnini et Giuliano Albertini). La suite de sa carrière se déroule plutôt entre la Sicile, Naples et Rome, où il chante pour la première fois en 1710 ; mais Mozzi s'est alors clairement reconverti dans les rôles bouffes (personnages archétypiques nommés Bleso, Gildo, Zelto...). Il paraît exclusivement à Messine et Palerme entre 1712 et 1716, côtoyant les chanteurs locaux Carlo Bernardi (alto), Antonio Lauri (ténor) et Maria Maddalena Manfredini (soprano), par exemple dans I Rivali generosi.
De 1717 à 1724, Mozzi se partage entre Ancône et Rome dans des distributions entièrement masculines, croisant les castrats Natali, Tamburini, Tamburini, Speroni, Carboni, Tollini, Baldini, Scalzi, Romani, etc. Il crée entre autre Marco Attilio Regolo d'A. Scarlatti et des intermèdes dans les créations de Vivaldi Il Giustino et Il Tigrane. Durant cette période, on l'entend aussi dans des intermèdes à Naples en 1723, puis sa carrière semble prendre fin à Macerata où il participe à cinq productions au moins jusqu'en 1729, avec le jeune castrat Morigi.
Mozzi a connu une très longue carrière, d'abord dans d'exigeants rôles sérieux de premier plan, puis comme acteur comique particulièrement populaire, notamment à Rome. Il faut dire que la voix de basse seria était en train de perdre du terrain, et, vieillissant, Pietro a dû s'adapter au marché et à ce qui lui restait de voix. Il a ainsi chanté avec plusieurs générations des meilleurs chanteurs de la Péninsule, comme Cortona, Siface, Pistocchi, Nicolino, Albarelli, le ténor Buzzoleni, les divas Riccioni, Musi, Pini, Tarquini, Scarabelli et jusqu'au jeune Farinelli dans La Tigrena de Gasparini donnée au palais de l'ambassadeur portugais à Rome en 1724 !
Il signe la dédicace de plusieurs livrets dès la fin du XVIIe siècle, signe qu'il travaillait peut-être également comme impresario. On a trace d'un certain Giuseppe Mozzi, basse également, qui pourrait être la même personne que notre Pietro. Ghezzi caricature Pietro à Rome dans les années 1720, indiquant qu'il a 80 ans, ce qui est certainement exagéré ! |